[Fan-Fiction] Altern.A. - Short Stories

Dans un silence de mort, uniquement couvert par le sifflement des turbines, je posais mes mains sur les poignées du périscope, l'abaissant au niveau de mes yeux pour les plaquer contre.

La silhouette se détachait nettement au milieu du ciel, ses cheminées déversant de longues trainées de vapeur noire, contrastant avec les nuages blancs - ils pensaient être à l'abri, camouflés par ces cumulus... Quelle erreur.

Gardant ma vue collée au périscope, je faisais signe au machiniste d'ordonner d'accélérer les moteurs ; l'instant d'après, notre vaisseau était ébranlé d'un choc alors qu'il gagnait de la vitesse.

Je posais ma main sur un long levier à ma gauche, le tirant brusquement - déclenchant notre camouflage ... Ils ne nous verraient même pas venir.

Arrivé à distance suffisante du navire pour l'identifier, je donnais ordre au machiniste de stopper les moteurs, toujours camouflé.

Je cherchais des yeux un quelconque pavillon ... En vain - pensait-ils que ne pas en lever les protègerait d'une manière ou d'une autre?

Je remarquais qu'il devait s'agir de quelque navire marchant, un cargo de passager, peut-être.

Quelle dommage pour eux qu'ils n'arborent aucun pavillon - si je pouvais savoir d'où ils viennent, j'aurais le droit hiérarchique de les laisser de côté ...

Mais on m'a donné ordre de ne pas faire de quartier avec tout navire sans pavillon - et celui-là est en zone hostile ... Quelle idée de s'être aventurés par ici ?

J'hésitais pourtant un instant, à leur donner une chance, à les prévenir de ma présence.

Lentement, je levais la main vers le taquet relié au transmetteur lumineux, débutant un message de mise en garde à l'attention du cargo, qui jusque là gardait une vitesse de croisière.

Mais, il me sembla que dès que j'eus lancé les premières lettres, le navire se mit à gagner de la vitesse, trop de vitesse peut-être à mon gout - comme s'ils étaient pris la main dans le sac, fuyant au lieu de s'expliquer ...

Tant pis pour eux.

Je désactivais notre camouflage et donnait l'ordre de charger une torpille, tout en ordonnant aux canonniers de monter sur le pont préparer leur pièce d'artillerie.

Nous étions à la perpendiculaire du cargo, aussi fut-il facile d'ajuster la première torpille. Je cadrais le navire dans l'optique de mon périscope, et à l'instant choisi, hurlais dans l'interphone de faire feu.
Un choc léger ébranla notre vaisseau de poche alors que la première de nos deux torpilles embarquées quittait son tube, et fendait l'air dans la direction du cargo.

Quelques secondes plus tard, un choc sourd. J'observais le déchirement de l'explosion de la torpille dans la coque du cargo... Je devinais les son des sirènes d'urgence, et voyais déjà les premières embarcations de survie être déployées.

Pourtant le cargo continuait sa route, se consumant à moitié... Et ça ne me suffisait pas. Par l'interphone, je donnais l'ordre aux canonniers de faire feu à leur tour, coupant court à la transmission en taisant leurs questions - eux aussi voyaient les tentatives de survie des nombreux passagers - et en closant la transmission.

Sans tarder, je sortais sur le pont et criait l'ordre de tir aux canonniers, qui s'exécutèrent sans mot dire, se contentant de hausser des épaules.

Un choc sourd déchira l'air et secoua notre vaisseau, alors que notre pièce d'artillerie faisait feu sur le cargo blessé, et bientôt un deuxième coup rugit de la bouche du canon, s'enfonçant dans l'air en direction du navire en flammes - l'achevant sur le coup, en un impressionnant feu d'artifice, emportant tout ce qui entourait la semi-épave dans les flammes.

Observant la boule de feu qui commençait à plonger dans l'air, je cris deviner un instant des silhouettes, des corps, enflammés ou non, dérivant autour, s'enfonçant eux aussi dans le ciel, disparaissant de ma vue à travers un nuage...

D'une voix blanche, je donnais l'ordre aux artilleurs, qui restaient muets, de retourner à l'intérieur, alors que par l'interphone je demandais de se rapprocher de l'endroit où le cargo avait explosé, car quelques débris restaient encore en suspens.

Étant resté sur le pont, j'apercevais une petite plaque de métal, flottant dans l'air à portée de mon bras.

Je l'attrapais, et voyais un nom écrit dessus - probablement celui du cargo. Un nom particulier, significatif de son origine, me renseignant aussi sur la nature du cargo, de par ce nom pacifique et doux.

Ainsi donc, ils étaient réellement neutres, et simplement effrayés dans un conflit qui n'était pas le leur, ayant simplement voulu fuir la menace qui s'était dévoilée tout près d'eux, ne sachant que faire d'autre.

L'attaque avait été bien sûr retransmise par transmission au haut-commandement, en " directe ", aussi entendis-je un opérateur-transmetteur me dire qu'un d'En-Haut voulait me féliciter personnellement pour cet énième succès, démontrant la supériorité incontestable de nos tactiques et de notre matériel - il me promettait quelque médailles, une fois rentré au pays.

Je soupirais, haussais des épaules, et, fixant un instant la plaque de métal, finit par la lancer par-dessus bord, murmurant simplement :

" Tant pis pour eux. "