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[Fans-Fictions] Nouvelle : Le Gladiateur Empty [Fans-Fictions] Nouvelle : Le Gladiateur

Sam 29 Aoû 2015, 03:27
Ça faisait loooooonnnngtemhemhemhemps...

Avant la fin de ces vacances d'été, je reviens avec du neuf niveau fiction.
Comme le dit explicitement le titre (ô combien original), la nouvelle va portée sur Gladiateur. Une histoire courte qui s'annonce donc dynamique, guerrière et relativement violente. On a aussi les apparitions de pas mal de guests, mais je ne spoilerai pas plus =P

L'idée me trottait dans la tête depuis au moins deux ans, et j'ai finalement eu certaines idées de fin assez épiques qui me sont venues pendant mon séjour en Italie pendant le mois d’Août. Donc c'est finalement la seule production que j'ai réalisé entièrement pendant ce mois, pour un total de 30 pages Word et de quasiment 15 000 mots. C'était une bonne entrainement pour me familiariser à écrire des récits longs mais dynamiques (futurs projets en plusieurs parties, toussa). La nouvelle est découpée en plusieurs parties, donc vous pourrez prendre des pauses si vous trouvez ça 'achement long.

En espérant que ces quelques informations ne vous fassent pas prendre peur, ça serait dommage x)
Bonne lecture !

Nota bene : j'arrive à exploser la limite de longueur de message avec ma nouvelle *fierté*. Elle est donc séparée entre deux double-post.





Le Gladiateur


        L'esclave Steltian colossal creusait le mur rocheux de manière lente et méthodique de ses très longues griffes. Les deux soleils du jour venaient de se lever sur Stelt. Ses semblables avaient donc été obligés de faire de même.
Il s'arrêta un moment et s'appuya sur le mur avec sa paire de bras inférieure. Plus petits et frêles que ceux de la paire supérieure, il essayait de sentir les faiblesses au travers de la roche. Naturellement, Il trouva rapidement un point de fracture. Quelque chose de normal, étant donné que ce n'était pas la première fois qu'il était assigné à un poste dans un site d'excavation de ce genre.

Ce n'était absolument pas le seul type de tâche qu'il lui avait été donné de faire en tant qu'esclave. D'aussi loin qu'il puisse se souvenir, ça lui avait permis d'accumuler des connaissances précieuses dans de nombreux domaines. D'aussi loin qu'il puisse se souvenir, il n'était resté rien de plus qu'une marchandise qu'on vendait ou troquait entre clans Steltians.

Enfin, si, il était tout de même un gladiateur. Un très bon gladiateur. Gigantesque et brutal.
Qu'importe à quel clan il avait pu appartenir, il avait toujours fait sensation dans les colisées. Là où la plupart des membres de son espèce se contentaient d'endosser leur rôle de simple guerrier d'entrainement ou de gladiateur divertissant, il avait quelque chose de plus.
En mettant de côté sa stature et sa force prodigieuse, même comparée à ses semblables, la violence lui plaisait. Les affrontements étaient tout autant sur le plan physique qu'intellectuel. Les colisées étaient de petits champs de bataille où il pouvait se décharger de sa haine de l'autorité, de sa frustration générée par sa condition.
Se rebeller avec pertes et fracas ? Oh, il l'avait déjà fait. Parfois en réussissant, parfois en échouant. Mais l'appartenance à son espèce le ramenait toujours au fait que s'il arrivait à s'émanciper d'un clan, en le ravageant parfois, un autre serait toujours là pour l'enchaîner de nouveau.

Non, les combats de gladiateurs étaient depuis longtemps devenus préférables. Même presque vitaux depuis la dernière fois qu'il avait fait l'objet d'une transaction. Depuis maintenant des centaines d'années, il appartenait à un clan Steltian résidant sur la côte Sud-est de l'île. Cette région de Stelt connaissant une stabilité économique, les rapports de force entre les clans étaient très décontractés, voire inexistants. Le clan qui le possédait était particulièrement prolifique, commerçant intelligemment par sa voie maritime comme par sa voie terrestre. Le site d'excavation où il se trouvait était d'ailleurs au centre de cette voie commerciale terrestre.
Et donc oui, il dépendait de plus en plus des combats en arène, d'une manière presque vitale. Car « l'autorité » de ce clan lui était des plus insupportable. Le chef de clan, Zuhorak était le plus prétentieux et méprisable aristocrate Steltian qui lui avait été donné de servir. Et sa compagne, Oohelak, n'avait rien à lui envier.

La vision de Zuhorak dans son esprit le ramena au mur rocheux et à son point de fracture. Il arma son bras supérieur droit, puissant, large et élancé. Il ferma son poing massif, les grandes griffes de ses doigts rentrant dans des fentes naturelles de sa paume telles des sabres rentrant dans leur fourreau. Prenant une grande inspiration et du recul pour être le plus précis possible, il frappa le mur avec une force qui lui était habituelle. Le coup fit trembler tout le pan de montagne où il se trouvait, fit courir de nombreuses fissures au-dessus de sa tête et fit entendre de lourds bruits de dislocation.

Le mur tomba en morceaux devant lui. Des rochers, parfois de sa taille, roulaient à ses pieds. Levant le regard, il put voir que d'autres rochers tombaient en sa direction. Encore quelque chose de normal. Préparant ses deux mains supérieures en déployant ses griffes de toute leur envergure, il accueillit les rochers en les cisaillant avec rapidité et souplesse. Après avoir esquivé ceux étant trop dangereux avec des roulades et d'autres mouvements démontrant son agilité, il constata à vue d'œil qu'il avait atteint son quota de roche pour son chariot qui se trouvait en contrebas. Il poussa peu à peu les rochers dans le vide, atterrissant bruyamment dans le chariot métallique.
Après avoir jeté le dernier morceau de pierre, il se dirigea vers le fond du site d'excavation. Il pouvait voir en chemin ses semblables travailler d'arrache-pied à la même tâche que la sienne, sauf qu'ils l'effectuaient à trois ou quatre. Il sentit les regards pesés sur lui à mesure qu'il descendait les pentes de la mine rectangulaire et en colimaçon. C'était toujours amusant de constater à quel point il était craint, mais aussi envier. Seulement, certains regards étaient colériques, voire assassins.

Mais il n'y prêta pas attention plus longtemps : il arrivait maintenant face à son chariot. Un immense chariot, même pour lui. Là aussi, c'était normalement à trois ou quatre esclaves qu'on arrivait à déplacer une telle bassine sur roues. Déployant toute sa force, il commença à pousser sa cargaison sur des rails qui devait le mener vers les ascenseurs de la mine, ses orteils raclant le sol.
À mi-chemin, il entendit de petits pas courir dans sa direction. Tournant sa tête vers la gauche au-dessus de ses épaules, chacune ornée d'un assemblage de piques aiguisés sortant de son tronc, il constata que c'était un Matoran qui se dirigeait vers lui. Malgré le fait qu'il ne l'avait jamais vu, il pensa directement que ça devrait être un courrier voulant lui adresser un message. Se retournant, il fit face au Matoran de toute sa hauteur, lui cachant la lumière du jour de son ombre gigantesque. Seuls ses yeux étroits, rouges et profonds se démarquaient du reste de son corps fait de noir, de gris et d'argenté, indiquant au Matoran qu'il était bien face à quelque chose de vivant et pas à une quelconque structure.

        — Qu'y a-t-il ? Lâcha l'esclave. Sa voix à la fois roque et perçante résonna dans sa bouche qui ne s'était, en apparence, même pas ouverte.

Le Matoran, arrivant tout juste à la moitié des tibias de l'esclave, larges et solides comme des piliers, gloussa. Il n'était pas habitué à transmettre des messages à ces esclaves à l'apparence monstrueuse. Encore moins à ceux qui étaient connus pour être de redoutables gladiateurs. Et bien que ce soit le énième destinataire esclave à qui il avait affaire depuis quelques jours, il n'était toujours pas habitué à leur parler. Surtout que celui-ci était clairement terrifiant. Après avoir balbutié quelques syllabes dans une tentative d'expression, il inspira et délivra finalement son message.

        — Notre ô grand dirigeant Zuhorak planifie en ce moment même un grand tournoi de gladiateurs avec trois clans voisins et requière votre participation. Avec les autres esclaves sollicités, vous serez déplacés sous peu en ville vers le colisée pour effectuer des préparatifs. Les gardes en sont informés et vous y emmèneront sous peu.

Au nom de Zuhorak, le gladiateur plissa ses paupières, fermant à moitié ses yeux horizontalement, en direction du messager. Ayant fini son message, le Matoran ne resta pas plus longtemps à ses pieds et déguerpit en direction des gardes qui l'avaient accompagné.  Se retournant, l'esclave s'apprêta à reprendre le déplacement de son chariot quand une voix grave et assurée le fit regarder de nouveau en arrière.

        — Alors, prêt à perdre et à mourir pitoyablement pendant le tournoi ?

C'était Rorhk, accompagné de sa petite bande. Tous étaient des esclaves, mais aussi de bons gladiateurs. Seule la présence de Rorhk fit qu'il daigna garder explicitement son attention vers le groupe. Comparé à lui, Rorhk ne possédait quasiment pas d'attributs physiques argentés lui permettant de percer, trancher ou découper, mais il était plus massif et trapu que lui. Un observateur externe n'aurait vu que deux géants monstrueux se faisant face, mais ce n'était pas le cas du Gladiateur. Il voyait quelqu'un de plus grand et plus fort. Ça le dérangeait. Et ça le dérangeait encore plus lorsqu'il se rappela les fois où Rorhk avait pu le vaincre lors de combats d'arène.
Et depuis qu'un clan voisin, dirigé par un certain Voporak, avait mélangé ses effectifs avec ceux du clan de Zuhorak au sein de la mine, il avait pu profité de la présence de Rorhk et ses compagnons encore plus régulièrement. C'était énervant.

        — Surtout prêt à t'arracher la tête, répondit-il simplement, les bras le long du corps, frottant ses griffes les unes contre les autres tout en plongeant son regard dans celui de Rorhk.

Ce dernier n'eut même pas le temps de répondre qu'un de ses camarades bondissait déjà vers le Gladiateur. Sa suffisance méritait qu'on lui apprenne le respect. Maintenant proche du Gladiateur, il prépara son coup et... fut projeté vers le mur où il finit tête la première. Gladiateur s'était bien sûr attendu à une réponse, verbale comme physique, et a simplement cueilli le camarade de Rorhk en se tournant vers la droite, en tendant sa jambe sous les pieds de son assaillant et en le poussant avec force de son bras supérieur gauche.
Les gardes, armés de fouet parcouru d'électricité et de leur pouvoir magnétique, s'avancèrent directement vers les esclaves. Bien qu'ils faisaient tous presque deux fois leur taille, les gardes ne les craignaient pas.

        — Ça suffit, vous aurez tout le loisir de vous battre pendant le tournoi ! beugla un garde alors que deux de ses collègues dégageaient de la roche et remettaient sur pieds le camarade de Rorhk encore sonné, grâce à des vagues de magnétisme. Retourner tous au travail, nous partirons bientôt, ajouta-t-il.

Tous les esclaves de la mine s'étaient tournés vers le spectacle qui leur étaient donnés de voir. Rorhk sentait que sa bande perdait de sa notoriété.

        — Tu vas payer ça très cher, menaça Rorhk en direction du Gladiateur alors que ses camarades retournaient à leur poste.
        — Oh, intrigant. Mais pour le moment, tu m'excuseras, j'ai un chariot qui fait plusieurs fois mon poids à déplacer, répondit-il, différentes mandibules s'articulant sur les côtés et au bout de son visage.

Se retournant, il reprit place derrière sa cargaison et la poussa de nouveau. Sa tête penchée, proche de la surface métallique du conteneur, laissait maintenant entrevoir une bouche finement ouverte remplie de longues rangées de dents ébène et aiguisées, découvertes à travers le mince sourire qui se dessinait d'un bout à l'autre de son visage, ses mandibules latérales se rétractant.
Oui, pensa-t-il. Ça risque d'être intéressant.

***

        Après quelques jours chargés en préparations, décorations ainsi qu'en entraînements, la cité Steltianne était prête pour accueillir le grand tournoi de gladiateurs. Mis en avant, les commerces étaient déjà débordés par l'afflux de visiteurs venant des terres comme de la mer. Les appartements les plus luxueux et les plus gardés recevaient les derniers dirigeants de clans voisins qui étaient conviés à l'événement. Les combattants en tout genre terminaient de peaufiner leur technique et leur équipement. Le colisée parfaitement circulaire finissait de se remplir pour le spectacle d'ouverture. D'imposants ouvriers Steltians se disposèrent tout en bas des gradins, chacun étant face au terrain de sable au centre de l'édifice. À l'intérieur des structures du colisée se déployaient aussi des gardes de la race dirigeante Steltianne, armés de longue lance à charge explosive. Les uns devant surveiller le bon déroulement des combats de gladiateurs, les autres devant surveiller les allers et venues au sein du colisée. De simples mesures de sécurité, en somme.

Peu à peu, au nord des gradins, les trois chefs de clan ayant coorganisé le tournoi, suivis de leurs lieutenants, s'installèrent autour de la loge des hôtes où les dirigeants Steltians locaux allaient prendre place. À la gauche de la loge s'installa Voporak ainsi que ses lieutenants. L'un d'eux, Sidorak, scruta la foule et s'arrêta sur les gradins des invités, jouxtant de part et d'autre ceux des chefs organisateurs.

        — Hum, étonnant qu'ils soient à moitié vides, observa Sidorak.
        — Le spectacle d'ouverture n'est qu'une suite d'affrontements à mort d'esclaves. Bien que ce soit divertissant pour la foule, ils recherchent plutôt des combats techniques en pensant avoir du bon goût, répondit Voporak, ayant entendu la remarque de son subordonné.
De plus, ses petits dirigeants de pacotille pensent de cette manière se faire désirer, montrer leur caractère, ajouta-t-il. Mais ça ne fait que les rendre encore plus risibles.

Sidorak acquiesça courtoisement de la tête en signe d'approbation. Son attention se porta ensuite vers des invités en particulier qui se trouvait plus loin vers sa gauche. Bien que tous les gradins où ils se trouvaient étaient drapés pour couvrir les invités du soleil ou de possibles intempéries, quelqu'un se trouvait apparemment sous une sorte de tente personnelle complètement plongée dans l'obscurité, ouverte à l'avant. À droite, un peu à l'arrière de la tente, se tenait un être bossu, gris et cramoisi, à l'armure jaunâtre. Sa posture droite et figée pouvait laisser penser qu'il ne s'agissait que d'une statue inanimée. Son visage impassible et morne renforçait cette impression, ressemblant à celui d'une gargouille. À gauche, juste devant l'ouverture de la tente, était assis en tailleur un être filiforme et tordu, transcrivant quelque chose d'une grande rapidité sur de fines tablettes. Il relevait parfois la tête vers l'ouverture de la tente, comme s'il attendait quelque chose. On pouvait distinguer faiblement des mains bouger dans l'obscurité, faisant comprendre à Sidorak qu'elles accompagnaient un discours. L'être tordu écrivait donc surement ce que lui racontait celui qui était dans l'ombre. De plus, un quatrième être à l'armure rouge et bleu, caché par la tente du point de vue de Sidorak, venait de se lever et commençait à partir vers les marches du colisée pour se rendre à l'extérieur.

Les bruits des cors retentissant à travers le colisée ôtèrent Sidorak de son analyse. Zuhorak, le chef de clan et Oohelak, sa compagne, venaient prendre place sur leur trône en tant qu'hôtes du grand tournoi. Tous ceux dans le colisée se levèrent pour ensuite se rassoir. Zuhorak, même assis, affichait une grande prestance, étant fier, sûr de lui et de son autorité. Quant à elle, Oohelak dégageait un grand sérieux et ses étoffes attestaient de sa condition. Après que Zuhorak est salué Voporak ainsi que les deux autres chefs de clan organisateurs, le dirigeant Steltian se leva et annonça simplement, d'un ton cérémonieux :

        — Que le grand tournoi commence !


Le Gladiateur avait finalement entendu la voix arrogante de Zuhorak, signe que son attente allait finalement prendre fin. Il était entassé avec quelques membres de son espèce dans une des salles qui mènerait sous peu au centre du colisée, dans le terrain de sable. Plus qu'habitué à cette situation, il savait instinctivement qu'il devait rester le plus en retrait possible de la grille qui allait s'ouvrir d'un instant à l'autre. Dans ce genre combat, il était inutile de se précipiter. Il entendit la voix d'un annonceur :

        — Nous rappelons à nos spectateurs que cette journée du tournoi sera consacrée uniquement à plusieurs affrontements mortels entre esclaves.

Le spectacle d'ouverture qui consistait à jeter les esclaves dans des mêlées générales était monnaie courante sur Stelt. À tel point que le Gladiateur ne se souvenait plus exactement du nombre auxquelles il avait participé. Participées et remportées, bien évidemment. Seul le vainqueur pouvait craindre de faire partie d'une prochaine session, étant donné qu'il était le seul survivant de la précédente. Enfin, pour lui, ce n'était pas de la crainte mais de l'espérance. Pour lui, il n'était pas un survivant mais un guerrier.
Ses semblables l'entourant avaient beau être volontaires, ils avaient entendu les rumeurs. Ils avaient beau être puissants, ils savaient qu'aucun esclave n'était revenu d'un spectacle d'ouverture lorsqu'il était présent. Ils avaient peur, ils étaient tous plus faibles, et le Gladiateur le savait. Il le sentait.

Aux quatre coins du colisée, les grilles commençaient à se lever difficilement dans un bruit de machinerie obstruée par la poussière et l'annonceur communiqua ce que tout le monde savait déjà : le tournoi venait de commencer. Les cris des spectateurs retentissaient dans les gradins, avides de violence.

Sautant en avant, les premiers esclaves convergeaient vers le centre du terrain, commençant déjà à se battre violemment les uns les autres. Alors que les retardataires entrèrent finalement dans l'arène, le Gladiateur s'avança, s'extirpa de la chambre et put constater que certains esclaves étaient déjà tombés au combat. À la vue de sa stature dépassant celles de ses semblables, de ses épaules à la hauteur du rebord de la première rangée de gradins, de ses armures argentées couvrant son tronc, de ses piques difformes de la même couleur sortant de ses épaules ainsi que de ses mains pourvues de longues griffes tranchantes semblables à des épées, les spectateurs reconnurent l'esclave qui leur avait donné bon nombre de combats sanguinaires. Scandant « Gladiateur » comme s'il s'agissait d'un titre qui lui était propre, la foule devint très agitée.

Le Gladiateur n'en tint pas compte. Il avait appris avec le temps que le public l'adulait comme des Matoran pouvaient être stupéfaits devant de grandes bêtes Rahi. Pour eux, les combats de gladiateurs n'étaient que de simples jeux violents et divertissants. Mais pour lui, se battant pour sa vie et pour la suprématie dans l'arène, c'était bien plus. C'était une façon d'exister en tant qu'individu, une façon d'affirmer sa supériorité dans l'horreur, une façon d'exposer à toute la hiérarchie de son clan sa violence et sa brutalité. Et il espérait qu'avec un peu d'imagination, ils comprendraient qu'ils n'en étaient pas à l'abri.

Le Gladiateur se concentra sur la mêlée qui avait lieu devant lui. Se cambrant en avant, il commença à tourner autour du centre de l'arène, faisant le point de la situation. Moins d'une vingtaine d'esclaves s'affrontaient férocement devant lui, les plus faibles et les plus inexpérimentés mourant assez rapidement. Il remarqua que quatre esclaves étaient relativement massifs. La plupart n'avaient pas de griffes ou de piques suffisamment développés pour inquiéter ses armures blindées. Globalement, aucun combattant ne semblait avoir tenté d'établir des alliances temporaires, chaque adversaire s'affrontant l'un après l'autre.

Ça allait être facile.

Le Gladiateur s'élança en avant, serrant les poings. Approchant rapidement de deux esclaves massifs qui se pugilaient, il se balança dans les airs, décollant puissamment du sol, ramenant ses jambes vers l'avant. Chacun de ses pieds atterrissant sur la tête d'un esclave, ses orteils vinrent enserrer solidement chacune d'entre elles. Alors que son corps commençait à tomber en avant du fait de sa vitesse et de son poids, il effectua plusieurs torsions avec ses jambes, faisant entendre des craquements sourds venant du cou de chaque esclave. Alors qu'il se rapprochait du sol, il prépara sa réception tout en ne relâchant absolument pas son étreinte sur ses deux prises. Alors qu'il toucha le sable, il courba son corps dans une roulade parfaitement maîtrisée, ses jambes se ramenant finalement à lui dans un bruit de déchirement métallique. Se remettant sur pied en profitant de l'élan de sa roulade, il pouvait sentir sous chacune de ses voûtes plantaires la tête tout juste arrachée d'un des deux esclaves. Leur corps tombèrent lourdement au sol derrière lui, soulevant des nuages de sables.
Satisfaite de son entrée, la foule hurla de plus belle. Sidorak, plutôt impressionné, se tourna vers Voporak.

        — Hé bien, gloussa Sidorak. Je pense qu'ils n'étaient pas au courant que cette esclave ferait partie du spectacle d'ouverte, dit-il à son chef en référence à ce qu'il avait pu lui dire plus tôt.

Ne perdant pas de temps et sachant qu'il avait atterri en plein milieu de la mêlée, le Gladiateur constata qu'un esclave, qui venait d'en finir avec son adversaire, se dirigeait directement vers lui. Lançant le côté gauche de son corps en avant pour se donner une impulsion, il envoya sa jambe gauche en l'air, propulsant la tête qui se trouvait sous son pied directement dans celle de l'esclave qui s'approchait. Sonné, l'assaillant du Gladiateur ne put rien faire quand celui-ci finit de tourner sur lui-même en envoyant les griffes de sa main droite dans sa direction, lui lacérant le visage. S'écroulant en arrière, le Gladiateur n'eut qu'à lui écraser la tête de son talon, le tuant.
Il examina de nouveau ses environs. D'autres esclaves étaient morts et les deux derniers esclaves massifs se dirigeaient vers lui, semblant vouloir l'affronter ensemble.

Le Gladiateur s'avança alors que l'esclave à sa gauche s'élançait pour lui asséner un coup de poing. Esquivant, il passa son adversaire et le fit tomber en lui balayant les jambes. Continuant sa progression vers l'autre esclave, aussi grand que lui mais complètement balourd, il sauta en l'air tout en lui agrippant le bras gauche. De tout son poids, le pied gauche du Gladiateur retomba avec force sur le genou de son adversaire, le brisant et lui pliant la jambe sur le côté. Hurlant de douleur, Le Gladiateur le laissa tomber en arrière pour se retourner vers l'autre esclave qui revenait à la charge derrière lui. Esquivant une nouvelle fois un coup de poing, il se baissa et planta profondément les griffes de ses deux mains dans le corps de l'esclave, le traversant quasiment. Il repoussa son adversaire mortellement blessé pour constater que l'esclave qu'il avait laissé à terre avait été achevé par un autre, plus petit et très bruyant. Il sauta directement en direction du Gladiateur, qui l'accueillit avec un coup de poing puissant qui lui arracha à moitié la tête du corps. Son assaillant retomba au sol, inanimé.

À présent suffisamment échauffé et faisant face à moins d'une dizaine de ses semblables qui n'étaient de loin pas des plus fort, le Gladiateur ne vit aucune objection à foncer délibérément sur ses derniers adversaires. Rassemblant ses forces et la vivacité de ses réflexes, il plongea sur un esclave et le bloqua au sol pour ensuite épingler son crâne au sol. Voyant un autre, frêle et fin, arriver sur sa droite, il se releva en prenant appui sur sa jambe. Envoyant son épaule vers le torse de l'importun en décrivant un arc de cercle, il l'empala du ventre jusqu'au bout de la nuque grâce au grand pique de son épaule. Continuant son mouvement, il envoya le corps de sa victime vers sa gauche, par-dessus sa tête, tombant sur un esclave qui courait vers lui. Tendant l'oreille, le Gladiateur se décala juste à temps pour éviter un coup en traitre. Se retournant, il empoigna le cou de l'esclave qui se trouvait dans son dos, tout en bloquant de sa main libre une autre tentative de coup. Ramenant violemment son poing vers lui, ses griffes eurent raison du cou de son adversaire, le décapitant.

Se retournant de nouveau, il put constater que ses dernières victimes tentaient de se rassembler désespérément dans l'espoir de le vaincre. Se tenant droit et immobile, il attendit que le malaise qu'instaurait sa posture parfaitement impassible fasse craquer l'un d'eux. Dans un cri résigné, un esclave s'élança seul vers lui. À la surprise de celui-ci, le Gladiateur poussa lui aussi un cri, mais bien plus assuré. Il se mit à courir de plus en plus vite pour finalement envoyer son genou droit directement dans le menton de l'esclave. Assommé et le côté du visage enfoncé, il s'étala de tout son long au sol. Le Gladiateur n'allait pas le tuer tout de suite. Après tout, il avait eu le courage de se dresser devant lui. Regardant de nouveau vers les cinq esclaves restants, il vit que deux d'entre eux avaient décidé de passer à l'attaque. Le premier envoya un coup de pied prévisible. Attrapant la jambe lancée dans sa direction de son bras gauche, il brisa de nouveau un genou d'un puissant coup de coude de son bras droit. Tombant dos au sol, le Gladiateur n'eut qu'à l'achever d'un revers de main qui lui trancha la tête. Alors que le deuxième esclave était à présent proche, il se pencha et le repoussa d'un solide coup de pied libéré à une vitesse impressionnante. Se remettant droit, il fonça dans sa direction et lui assainit trois coups rapides de ses griffes, lui traversant le corps de part en part.

Il n'eut que peu de temps pour réagir aux deux autres esclaves arrivant sur ses flancs. D'un mouvement extrêmement vif pour sa taille, il se substitua en contournant son assaillant arrivant sur sa droite. Les deux esclaves se rentrant dedans l'instant suivant, il poussa le duo au sol et traversa leur tête de ses griffes. Se retournant vers le dernier esclave, celui-ci se laissa tomber à genoux et baissa la tête. Satisfait qu'il ait pris conscience que son sort était sans échappatoires, le Gladiateur lui trancha le cou d'un mouvement souple. Derrière lui, il pouvait entendre l'esclave qu'il avait assommé se relever. Se retournant, il put le voir tenter de courir dans sa direction. Arrivant devant lui, le Gladiateur se servit de son bras gauche pour écarter ceux de son adversaire, se baissa, et assainie le coup final de cette affrontement en traversant son corps des griffes de sa main droite.

Laissant tomber le corps sans vie de sa dernière victime, le Gladiateur ne jeta même pas un regard au public en effervescence. Il se dirigea simplement vers la sortie la plus proche qui commençait à s'ouvrir. Alors qu'il s'engouffrait dans la structure du colisée, il put entendre l'annonceur déclarer que la première mêlée était maintenant terminée, que les spectateurs pouvaient profiter d'une pause le temps que l'arène soit nettoyée et que la prochaine mêlée aurait lieu dans une heure.

Alors que le Gladiateur se dirigeait peu à peu vers un poste de garde du colisée où il serait enchaîné et reconduit aux gardes d'esclaves, il se sentit à la fois satisfait et frustré. Satisfait car il avait encore survécu en écrasant ses adversaires à la vue de tous, mais frustré car ce fut bien trop simple.

***

        Deux jours s'étaient passés depuis le spectacle d'ouverture. Le jour qui avait suivi les affrontements entre esclaves était réservé aux combats entre gladiateurs libres. Six gladiateurs par combat, des guerriers locaux et étrangers s'étaient affrontés durant toute la journée. Comme pour les mêlées d'esclaves, un seul gladiateur pouvait remporter la victoire. Les autres étaient tués ou simplement vaincus, le public pouvant faire entendre sa voix pour que des combattants soient épargnés. Bien sûr, elle n'était pas systématiquement écoutée.
Pour le Gladiateur, son écoute dépendait souvent de son humeur. Et l'on pouvait dire qu'aujourd'hui, il était de bonne humeur, attendant dans une des quatre salles du colisée qui mènerait bientôt sur l'arène.

Le troisième jour du grand tournoi annonçait la première journée des combats à quatre gladiateurs. Il était curieux de connaitre ses trois adversaires. Les portes de la salle, aussi grandes que lui, s'ouvrirent, le laissant entrer dans l'arène. Il allait être le premier gladiateur annoncé.

        — Un des esclaves les plus féroces que Stelt ait connu. Le vainqueur de la première mêlée du spectacle d'ouverture. Voici, comme l'a nommé le public au fil de ses combats, Gladiateur ! clama l'annonceur, sa voix retentissant dans tout le colisée.

Le public applaudit, mais le Gladiateur resta de marbre. D'autres portes s'ouvrirent, révélant un membre de l'espèce dirigeante de Stelt. Grand, élancé et drapé d'une sorte de cape lui couvrant le côté droit du corps, il s'avança au centre de l'arène et se figea à côté du Gladiateur, lui arrivant vers le bas du ventre. Il portait un masque Kanohi cramoisi et usé, laissant entrevoir ses yeux jaunes scintillant derrière les fentes de son masque.

        — Un guerrier d'un ancien clan déchu, il fut emprisonné et devenu esclave. Il gagna sa liberté en tant que gladiateur, j'ai nommé, Ihtojak le Scalpeur !

Le public acclama le Steltian aussi fort que s'il s'agissait du Gladiateur. Ihtojak avait su gagner la sympathie de la foule grâce à sa dévotion totale au combat. Sûr de ses capacités, il ne semblait pas être incommodé par le Gladiateur.

Les deux autres grandes portes s'ouvrirent pour révéler deux autres membres de la classe dirigeante Steltianne. Armé d'un bouclier ovale et d'un glaive qu'il faisait tournoyer rapidement dans sa main, celui présenté comme étant Vohturak s'avança au centre du terrain. C'était, selon la présentation de l'annonceur, un lieutenant mineur de Zuhorak qui avait tenté de faire éclater une rébellion au sein du clan. Pour le punir, il devait participer au grand tournoi. Il était d'une taille similaire à Ihtojak mais était plus large et puissant. Le dernier Steltian, Cunovak, était un simple guerrier novice d'un petit clan voisin empli de désinvolture, qui semblait arriver en terrain conquis. Il était armé d'une lance pourvue d'un trident à chaque extrémité.

Maintenant que les quatre gladiateurs étaient en position, chacun faisant face aux trois autres, le cor retentit dans le colisée, signalant le début du combat.

Ihtojak dégaina directement deux hachettes qui étaient fixées à sa ceinture et se jeta sur Cunovak, irrité par sa légèreté. Il bloque de justesse le premier coup d'Ihtojak avec sa lance, mais commençait déjà à être débordé par la rapidité de son adversaire.

À côté, le Gladiateur se retrouvait face à Vohturak. Malgré son sérieux et sa posture cambrée, affichant qu'il était prêt au combat, il sentit que le mutin n'était pas vraiment sur de lui. Conscient qu'il ne serait donc pas décidé à attaquer le premier, le Gladiateur marcha, puis courrut dans sa direction. L'atteignant, il balança de grands coups de griffes vers Vohturak, ses bras et ses mains fendant l'air. Étonnement, le Steltian réussit à esquiver un à un les coups du Gladiateur en se courbant, en roulant et en plongeant. Rivalisant d'agilité et de rapidité, le Gladiateur ne lassait pas de répit à son adversaire, augmentant la cadence de ses coups, les faisant devenir de plus en plus complexes et imprévisibles. Vohturak n'allait pas pouvoir continuer à les esquiver encore longtemps.

Voyant finalement une ouverture mortelle, le Gladiateur fit s'abattre sa main supérieure droite directement sur Vohturak. Cependant, le Steltian avait réussi à lever son bouclier à temps pour bloquer ses longues griffes, leur tranchant à moitié enfoncé dans celui-ci. Vohturak fléchissait les jambes, luttant contre la force du Gladiateur. Dans un mouvement de dernier recours, il réussit à s'extirper de l'étau du guerrier gigantesque, se jetant en avant, directement sur le Gladiateur. Il planta son glaive dans sa cuisse. Il voulut s'en servir comme appui pour se hisser jusqu'à la tête de son adversaire, mais n'en eut pas le temps. Le Gladiateur le délogea d'un revers de bras, l'envoyant à ses pieds, au sol et à plat ventre, le faisant perdre son bouclier. Quand Vohturak se remit sur le dos, il put simplement voir le Gladiateur, le surplombant de toute sa hauteur, abatte son pied gauche de tout son poids sur son torse. Suffoquant, le Steltian essayait de repousser désespérément le pied du Gladiateur, sentant déjà que son armure se tordait et que le souffle lui manquait. Regardant Vohturak lutter avec amusement, le Gladiateur retira simplement le glaive de sa cuisse avec son bras inférieur droit, comme s'il s'agissait d'une écharde et le lança à l'autre bout de l'arène. Sachant que son adversaire était maintenant impuissant, Le Gladiateur releva la tête et s'adressa à la foule.

        — Doit-il vivre comme un perdant ou mourir comme un traître ? tonna le Gladiateur.

La réponse du public fut unanime, même si la plupart des aristocrates dans les gradins des invités faisaient preuve de détachement. Dans un tonnerre de huées, tous fermèrent leur poing et pointèrent le sol de leur pouce. Satisfait, le Gladiateur augmenta de plus en plus la pression de son pied contre le corps de Vohturak. Après plusieurs grincements métalliques, le Gladiateur enserra Vohturak avec ses orteils et commença à le lever en l'air pour ensuite l'abattre violemment sur le sol en relâchant son étreinte. Répétant l'action encore et encore, Vohturak était littéralement piétiné. Attrapant d'une main les chevilles du corps déformé de Vohturak, le Gladiateur commença à tourner sur lui-même de plus en plus vite. Finalement, il lâcha le corps de Vohturak qui fila directement contre le mur de l'arène, se fracassant contre la pierre. La foule juste au-dessus du point d'impact se leva d'un bon pour célébrer l'action.

Le Gladiateur se retourna maintenant vers Ihtojak et Cunovak. Celui qu'on appelait le Scalpeur venait de briser la lance de son adversaire. Désarmé, Cunovak essaya de bloquer les attaques d'Ihtojak à mains nues, mais ce dernier avait encore un atout dans sa manche. Activant son Kanohi, son bras armé d'une hachette se dématérialisa, passa à travers la garde de Cunovak et se rematérialisa pour asséner un coup net. L'arme s'enfonçant sur le côté du visage de Cunovak, Ihtojak l'acheva avec un second coup de hachette qui lui fendit le crâne. Laissant tomber le corps sans vie de son adversaire, le guerrier à cape se retourna face au gladiateur gigantesque.

Ne voulant pas lui laisser une seconde de répit et aucunement inquiété par ses petites armes, le Gladiateur s'élança vers Ihtojak. L'attaquant comme il avait pu attaquer Vohturak, il constata que ça ne serait pas aussi simple qu'avec ce dernier. Le Scalpeur se dématérialisa et s'écarta du Gladiateur. Redevenant matériel, Ihtojak projeta ses hachettes vers lui. Elles commencèrent à tournoyer autour de lui et de le frapper... Pour ensuite repartir dans les airs et le frapper à nouveau. À force, une hachette se logea dans le flanc gauche du Gladiateur alors que l'autre revint dans la main d'Ihtojak qui se mit à courir dans sa direction. Se préparant, le Gladiateur ne remarqua pas que la hachette plantée dans son flanc gauche clignota pour ensuite émettre une détonation puissante. L'explosion fit voler en morceaux la première couche d'armures du Gladiateur, le faisant tomber à la renverse.

Assourdi par la détonation, le Gladiateur put constater qu'Ihtojak se tenait maintenant sur son torse, prêt à le frapper avec sa hachette. Le Steltian arma son bras gauche et l'abattit en direction du visage de son adversaire. En réponse, le Gladiateur réagit rapidement. Rétractant ses différentes mandibules, il envoya sa tête en avant et ouvrit sa bouche remplie de dents acérées. Toujours en train de porter son coup, Ihtojak ne put que continuer son mouvement. Alors que la bouche béante du Gladiateur se refermait, le bout du visage et le bras gauche d'Ihtojak semblaient être sur le point d'être avalés. Trop alarmé pour se concentrer suffisamment dans l'activation de son Kanohi, Ihtojak força son corps en arrière. Il réussit à retirer sa tête à temps, mais perdit son Kanohi ainsi que son bras gauche dans les crocs du Gladiateur, l'un brisé et l'autre arraché. Sa main gauche, qui s'était retrouvée à l'extérieur de la bouche du Gladiateur, tomba sur le côté avec sa hachette. Saisissant Ihtojak de sa main supérieure droite, le Gladiateur l'envoya au loin pour pouvoir se remettre sur pieds, non sans le lacérer dans son geste. Alors que le Steltian essayait de contenir la douleur de son bras perdu, le Gladiateur avançait vers lui. Peu à peu, il fut éclipsé par la hauteur de cet être monstrueux. Sa tête au-dessus de lui, il constata avec stupeur que la mâchoire de l'esclave broyait son bras, l'ingurgitant peu à peu. Quant à lui, le Gladiateur pouvait sentir que, peu à peu, les armures externes de son flanc se remodelaient.

Même si cette faculté de régénération s'avérait être pratique, il n'aimait pas l'utiliser. Elle était la réponse à une blessure, et une blessure était la preuve d'une faiblesse de sa part. Et cette faiblesse avait été vu de tous.

Continuant de reculer, Ihtojak plantait ses talons dans le sable et rampait en arrière, mais le Gladiateur lui assainit un puissant coup de pied qui le fit rouler sur le sol.

Sachant que le coup de grâce délivré par le Gladiateur n'allait pas se faire attendre, plusieurs groupes dans la foule commencèrent à protester et à tendre leur poing fermé, pouce vers le haut. Beaucoup d'autres membres du public suivirent l'initiative. Lançant son regard à travers les gradins pour ensuite le ramener à son adversaire meurtri, le Gladiateur considéra la chose. Après tout, son adversaire fut un esclave et vivait grâce aux combats de gladiateurs. Les similitudes de leur parcours firent naître une once de respect dans l'esprit du Gladiateur à l'égard d'Ihtojak. Il leva son poing fermé, son pouce griffu lui aussi vers le haut pour signifier qu'il épargnait son adversaire. Alors que l'annonceur déclarait sa victoire, il se déplaçait déjà vers les portes par lesquelles il était entré au début. Il pouvait voir que des Steltians de la classe dirigeante arrivaient sur le terrain pour aider Ihtojak à se relever et à quitter l'arène. Passant finalement le pas des portes, il repensa à ce qu'il avait pu dire avant de tueur Vohturak.

Mourir comme un traitre, se rappela-t-il. C'était plutôt amusant quand on connaissait son aversion, son mépris pour l'autorité ainsi que ses quelques rébellions.

Oh, mais je ne peux trahir personne, songea-t-il. Après tout, je ne suis qu'un esclave obligé de vouer allégeance. Cette pensée le fit sourire, mais lui fit aussitôt serrer les dents très, très fort.

Successivement éclairé et obscurci à mesure qu'il se déplaçait à travers les voûtes et les piliers du colisée, son visage crispée affichait le mélange d'un sourire et d'une grimace.

Mais surtout, je peux encore moins mourir.

***

Quatre jours plus tard, le Gladiateur se tenait prêt pour son premier duel. Les combats à quatre gladiateurs s'étaient succédés ainsi que ses victoires. Il en était satisfait, puisqu'ils avaient été à la fois remplis de rebondissement et sous son contrôle.
Remontant à hier, son dernier affrontement l'avait opposé à deux adversaires. Faisant le lien entre les journées de combats à quatre gladiateurs et celles à deux gladiateurs, le jour des affrontements à trois était particulièrement intéressant. Dans cette configuration, des alliances fortuites pouvaient se former bien plus facilement, mais aussi se briser au gré des caractères et des adversaires.

Le Gladiateur avait donc dû affronter deux Skakdi Hordika. L'un avait une armure rouge foncée et grise ainsi qu'une hache. L'autre en avait une blanche et orange et portait une hallebarde. Le Gladiateur avait deviné respectivement leur élément comme étant le Feu et le Plasma. Il avait aussi prédit qu'ils allaient probablement s'allier contre lui, du fait de la nature de leurs pouvoirs ainsi que du fait de sa dangerosité avérée. Ces deux prédictions se révélèrent être exactes.

Malgré le fait que le Skakdi Hordika du Feu semblait être dépourvu d'yeux, la surface de son visage parfaitement lisse jusqu'au début de sa mâchoire, il s'était déplacé et avait attaqué de manière bestiale, tout comme son comparse. Le bout de l'épine dorsale de chacun semblait s'être développé en une longue queue terminée par une sorte de lanceur. Rapidement, des Rhotuka de Feu et de Plasma avaient volé dans l'arène. Ayant déjà eu affaire à des bêtes Rahi ainsi qu'à des pouvoirs élémentaires, le Gladiateur ne fut pas incapacité. Rivalisant de rapidité et d'agilité, il avait affronté ses adversaires avec la même bestialité. Attaquant et se couvrant  notamment avec des morceaux de verre que pouvaient former les Rhotuka de Feu en contact du sable, le Gladiateur avait commencé à épuiser les deux Skakdi.

Baissant la tête, il remarqua quelques petits restes des dommages qu'avait subis son armure. Malgré ses nombreuses contorsions pour éviter des rafales de Rhotuka de Feu ainsi que les attaques incessantes des Skakdi, il n'avait pas pu échapper à un Rhotuka de Plasma qui avait commencé à dévorer son armure. Pensant avoir réduit le Gladiateur à l'impuissance, les guerriers avaient baissé leur garde... Et il put rudement les assommer, attrapant l'un pour frapper l'autre, littéralement.

S'apprêtant à les achever alors qu'il les avait projeté dans les murs de l'arène, un spectateur caché par une tente dans les gradins des invités avait fait sortir sa main blindée noire et jaune de l'obscurité, son pouce pointu en l'air. D'un seul coup, des gardes Steltians avaient débarqué sur le terrain, empêchant le Gladiateur d'approcher plus près des Skakdi Hordika. Deux Steltians de la classe ouvrière étaient arrivés pour les trainer hors de l'arène alors qu'un autre garde, portant une machine réfrigérante, avait refroidi graduellement la blessure incandescente du Gladiateur. Privé de la mort de ses adversaires, il avait regardé en direction de l'être qui était dans l'ombre de sa tente, en train d'applaudir. Il avait songé amèrement qu'il devait s'agir d'un recruteur très influent aux vues des aides dont il bénéficiait.

La lumière aveuglante qui entra par les portes entrebâillées devant lui le ramena au présent. Comme à son habitude, il entra lentement dans l'arène, se rapprochant du centre de celle-ci qui brûlait sous un soleil de plomb. Face à lui s'avançait son adversaire sous des acclamations tonitruantes. Alors que l'annonceur présentait le Gladiateur et ses combats récents, ce dernier observa la figure qui était maintenant en face de lui. Portant une armure grise foncée métallisée, verte foncée et beige foncée, il était aussi grand qu'un Steltian de la classe dirigeante mais assurément plus athlétique. Son visage découvert affichait un petit sourire sardonique, suintant de mépris. Il portait fièrement sur son épaule une lame longue, épaisse et dentée de la forme d'un triangle isocèle très aplati, le sommet du triangle étant la partie la plus épaisse du tranchant de la lame. Du côté de la base du triangle, proche de chaque extrémité de l'arme se trouvait un manche qui permettait aussi bien de manier la lame à une main qu'à deux, tel un bâton.

Maintenant, c'était au tour de son adversaire d'être annoncé. Le Gladiateur écouta attentivement, les chants du public se faisant de plus en plus bruyants. Originaire de l'île qui connut la naissance et les tout premiers ravages des Visorak, il avait ensuite mené une vie de profits et d'alliances avec les clans Steltians grâce à ses créations et ses possessions dans le domaine de l'armement. Maintenant un riche vendeur d'armes fructueux installé à Xia, il se plaisait à participer aux jeux de gladiateurs à travers Stelt en tant que simple loisir. On l'appelait Normadak.

Sa présentation étant terminée, la foule scandait nom. Tournant le dos au Gladiateur, étant comme inexistant à cet instant, il salua la foule avec des mouvements amples tout en agitant sa longue lame d'une seule main comme s'il s'agissait d'un petit sabre. Les acclamations le faisaient se sentir fier et ce sentiment semblait le rendre visuellement plus fort. Après plusieurs rappels de la part de l'annonceur que le combat allait commencer, Normadak ne réagissait toujours pas, tourné vers le public, ce qui ne manqua pas d'irriter le Gladiateur. L'ayant prévenu et étant lassé par ces salutations qui n'en finissaient pas, l'annonceur fit signe de commencer la rencontre.

Alors que le cor avait à peine commencé à émettre un son, Normadak se retourna et se déplaça vers le Gladiateur à une vitesse irréelle. Arrivant à la hauteur de son adversaire, Normadak enchaîna avec des coups très rapides portés de manière acrobatique. Faisant jongler sa lame entre ses mains et s'en servant comme appui pour des sauts et des attaques aériennes, Normadak encerclait à lui seul le Gladiateur. Mais ce dernier n'était pas impressionné. Bien que l'approche de son adversaire et sa technique au combat semblaient dangereuses, elles n'en restaient que purement spectaculaires. Alors qu'il venait de contrer la lame de Normadak qui s'abattait sur lui avec les griffes de ses mains, ce premier partit en avant en effectuant un salto pour retomber au sol. C'était l'ouverture que le Gladiateur attendait. Se tournant, il envoyant puissamment sa jambe droite dans la direction de Normadak.

Contre toute attente, il réussit à s'en protéger avec le tranchant de sa lame, tenue dans ses deux mains. Le choc l'envoya en arrière, mais il atterrit sur ses pieds, traversant une courte distance dans le sable. De son côté, le Gladiateur constata que le tranchant de la lame avait laissé une entaille sur sa jambe, du fait de l'impact qu'il y avait eu entre les deux. Normadak releva la tête, couverte d'un Kanohi Kakama. Maintenant droit, il toisa le Gladiateur de haut en bas pour ensuite se mettre à tourner autour de lui. Le Gladiateur l'accompagna, chacun tournant tout en se faisant face.

        — C'est toujours aussi gênant que vous autres pourrissiez les colisées par votre présence, lâcha Normadak, son dédain si apparent qu'on pouvait le voir même au travers de son masque.
Mais qu'importe. Comme tes semblables que j'ai pu vaincre, tu n'assisteras qu'à ma victoire, esclave, continua-t-il, comme si « esclave » était une insulte.

Ces provocations confirmant les idées qu'il se faisait sur son adversaire, le Gladiateur pouvait enfin le penser sans se tromper : Normadak était un abruti prétentieux se prenant pour le plus grand des gladiateurs alors qu'il ne mettait les pieds dans les colisées que pour flatter son égo, assouvir son désir de domination sur des « inférieurs ». Cette perspective commença à le faire bouillir, mais il conserva son calme.

        — Si tu es toujours vivant, c'est justement parce que tu n'avais pas encore affronté d'esclave comme moi, rétorqua le Gladiateur, rétractant ses mandibules dans un sourire carnassier.
Prépare-toi à crever comme un rat de pierre, termina-t-il, comme ci ses rangées de dents dansaient dans sa bouche.

Normadak fit disparaître son masque tout en rigolant avec malice.

        — Mourir, moi, par les mains d'un esclave ? J'ai réussi à survivre à ma terre natale, à prospérer dans des milieux criminels, à évincer ceux qui me faisait de l'ombre, et à assassiner mes ennemis, énuméra-t-il d'une voix rogue.

Il fit apparaître un nouveau masque sur son visage, couvrant son expression dédaigneuse.

        — Et tu penses que toi, un esclave insignifiant comme tous ceux que j'ai pu moi-même faire travailler, peut remporter la victoire d'un simple jeu d'arène face à moi ?
Hilarant.


C’en était trop. Le Gladiateur ne pouvait plus supporter ce mépris à son égard en le classant avec les autres membres de son espèce soumise et cette suffisance dans un combat de gladiateurs en pensant que ce n'était qu'un jeu. Le Gladiateur s'élança vers Normadak en le pugilant. Parcouru d'une force physique étrangère, il contra les coups de son adversaire monstrueux. Scindant sa lame en deux sabres, Normadak contenait efficacement les coups du Gladiateur. Mais malgré l'action de son Kanohi Pakari, ses coups semblaient de plus en plus inefficaces face au Gladiateur. Le monstre gigantesque déployant toute sa puissance, Normadak commençait à être dépassé. Acculé contre la surface du mur de l'arène, Normadak ne pouvait plus fuir. Craignant d'être écrasé ou tranché, il invoqua son Kanohi Hau qui érigea un champ de force impénétrable autour de lui. Les coups du Gladiateur étaient maintenant stoppés, mais non sans inquiéter le champ protecteur.

        — Malgré ta force et tes griffes, tu ne restes rien d'autre qu'une bête de foire qu'on peut contenir aisément, provoqua Normadak.
        — Tu parles trop, cracha Le Gladiateur.

Se penchant, il entoura le champ du Kanohi Hau avec ses mains gigantesques. Dans une démonstration de force impressionnante, il souleva le champ d'énergie au-dessus du sol, Normadak restant en son centre. Impulsant sa rotation pour se retrouver face au centre de l'arène, il tendit ses jambes et ses bras puissamment, projetant Normadak en l'air. Stupéfait, il n'avait pas pu continuer à maintenir actif le pouvoir de son masque et retomba lourdement au sol, loin devant le Gladiateur.

Alors que ce dernier s'avançait vers lui, le public tonnait d'acclamations pour qu'ils se remettent sur pieds. Se nourrissant de la fierté que cela lui inspirait et enragé par l'humiliation qu'il venait de subir, il invoqua de nouveau son Kanohi Kakama et fonça vers le Gladiateur.Tournoyant autour de lui et ne se gênant pas pour l'attaquer en traitre, Normadak put blesser à de multiples endroits le Gladiateur, entaillant ses armures de ses sabres. Il rassembla ses sabres en sa longue lame pour porter des coups décisifs. Ralentissant pour invoquer son Kanohi Pakari et se préparant à attaquer, il ne peut pas voir que le Gladiateur avait anticipé ses déplacements.

Attrapant son arme d'une main, le Gladiateur lui assainit un coup de genou dévastateur qu'il reçu de plein fouet dans la bouche. Lâchant la prise sur son arme alors qu'il était projeté en arrière, Normadak pouvait sentir que les morceaux de son Kanohi Kakama brisé qui n'avaient pas été incrustés dans son visage s'éparpillaient autour de lui. Retombant au sol, étourdi, il invoqua son Kanohi Hau, mais celui-ci retomba au sol dès qu'il apparut : sa bouche était tellement endommagée qu'elle ne pouvait plus porter de masques. Complètement désarmé, Normadak releva sa tête douloureuse pour constater que l'ombre qui grandissait devant lui était celle d'un Gladiateur faisant grincer sa lame entre ses crocs. D'un seul coup, il brisa la lame en deux dans sa mâchoire comme s'il s'agissait d'une simple brindille. Mâchant bruyamment ce qu'il lui restait dans la bouche, le Gladiateur regardait Normadak avec une expression de satisfaction terrifiante.
La foule, mécontente de ce spectacle, commençait déjà à crier en faveur de la survie de Normadak, les spectateurs levant leur pouce à l'unisson.

        — Tu vois, ils veulent que je sois épargné, essaya d'articuler Normadak avec sa bouche déformée, apeuré. J'abandonne, laisse moi vivre ! Tu as gagné. Par pitié... continua-t-il en rampant en arrière, regardant droit dans les yeux morts du Gladiateur.

Redoutant le pire, Normadak attendait le rire qui annoncerait sa mort, ou alors les moqueries de son adversaire. Mais il n'en fut rien.

        — Tu penses simplement que c'est un jeu, expira le Gladiateur dans un murmure qui gronda dans sa bouche.

Les yeux du Gladiateur scintillaient maintenant de fureur. Il se pencha vers Normadak et l'enserra dans ses griffes qui transpercèrent son tronc de part en part. Il laissa échapper des hurlements de douleur à mesure que le Gladiateur le soulevait dans les airs. Maintenant, son visage à l'expression de plus en plus cadavérique était en face de celui du Gladiateur.

Il pensait qu'il était tout-puissant et invulnérable, que sa situation le protégeait et lui permettait tout. Il pensait que c'était juste un jeu.

La rage explosant en lui, le Gladiateur tira sur le corps de Normadak qui se disloquait peu à peu entre ses mains.

        — CE N'EST PAS UN JEU, vociféra le Gladiateur d'une voix monstrueuse.

Les bras du Gladiateur s'écartant violemment vers l'extérieur, Normadak fut finalement séparé en deux, chacune de ses parties propulsées en ligne droite dans une direction opposée à l'autre alors qu'elles échappaient à l'étreinte des griffes du Gladiateur. Elles atterrirent en plein dans les gradins, au milieu des spectateurs. Certains groupes dans le public commençaient à huer le Gladiateur alors même que d'autres l'injuriaient. Mais il n'écouta pas, se déplaçant en direction des portes de l'arène. Mettant trop de temps pour s'ouvrir à son goût, il les enfonça avec ses bras supérieurs, les forçant à s'écarter en endommageant le mécanisme qui les faisait se mouvoir.
Alors qu'il avait juste passé leur embrasure, il était déjà accueilli par des gardes pour l'enchaîner. Les laissant faire, il pouvait entendre l'annonceur déclarer sa victoire dans une foule partagée entre les huées et les acclamations.

Ce n'est pas un jeu, ressassait-il dans son esprit.



****Suite juste en dessous****


Dernière édition par Du7734 le Sam 23 Avr 2016, 12:29, édité 6 fois
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[Fans-Fictions] Nouvelle : Le Gladiateur Empty Re: [Fans-Fictions] Nouvelle : Le Gladiateur

Sam 29 Aoû 2015, 03:29
****Suite juste ici****


Pendant cinq autres jours, les duels se succédèrent pour le Gladiateur. Depuis la conclusion de son combat avec Normadak, la foule semblait de moins en moins l'apprécier. Pour la plupart, les acclamations s'étaient estompées en un mutisme d'indifférence. Bien sûr, certains ne pouvaient pas rester inexpressifs lors de ses affrontements, mais c'était avec plus de discrétion, moins d'ardeur. Mais tout ça lui était égal : seulement ses combats l'importaient. Même si cela pourrait signifier que le public ne prendrait pas parti pour lui lors de complications, il n'en était absolument pas inquiété.  Aux vues de ses derniers duels, il n'avait strictement pas besoin de leur aide. Ses adversaires avaient été amusants, certains puissants et coriaces, mais ils finirent tous terrasser par son humeur massacrante, au sens propre comme au figuré.
Il allait maintenant mener son dernier duel. Il pouvait déjà voir l'expression dépitée de Zuhorak et d'Oohelak lorsqu'il devrait le proclamer champion du grand tournoi. Mais aujourd'hui, ce qu'il voudrait voir, c'est plutôt la peur dans leurs yeux lorsqu'il en aurait fini avec son adversaire.

Prenant place au centre de l'arène éclairée par la fausse clarté blanchâtre d'un ciel complètement nuageux, il attendit la voix de l'annonceur. Seulement, ce fut plutôt la voix de Zuhorak que le Gladiateur entendit, à son grand déplaisir. S'étant lever de son trône, il était au bord de sa loge, les mains posées sur une rambarde.

        — Pour son dernier combat, le Gladiateur nous offrira un spectacle grandiose, tonna Zuhorak du haut de son perchoir. À la mesure de ses... talents, ajouta-t-il d'un ton spécieux.

Étonnée et intriguée, la foule s'exalta graduellement. Finalement, trois portes face au Gladiateur s'ouvrir pour révéler six figures qu'ils connaissaient très bien. Avançant à pas lourds, Rorhk et sa bande arboraient un sourire mauvais de satisfaction collective. Devant le géant massif noir et gris se trouvait un esclave plus petit et plus fin qui portait des griffes comparables à celles du Gladiateur. Il était aussi flanqué de quatre autres esclaves, deux étant plus trapus et deux autres d'un gabarit avoisinant celui du Gladiateur.

        — Je t'avais dit que tu le payerais, dit Rorhk narquoisement en se préparant au combat, tout comme ses camarades.

Le Gladiateur ne répondit pas, envoyant son regard sinistre sur chacun de ses opposants.
Qu'importe la manière par laquelle ce « duel » a été décidé, ils l'ont forcément fait avec Zuhorak, ragea-t-il intérieurement.
Le début du combat fut directement annoncé par le son du cor. Le Gladiateur se mit rapidement en garde, tellement en colère qu'il avait du mal à pleinement se concentrer sur les six adversaires qui fonçaient sur lui. La foule était déchainée devant le combat qui se présentait face à eux. Redoublant de rapidité et d'agilité pour éviter les coups qui fusaient vers lui dans toutes les directions, le Gladiateur réalisa que tous ceux qui l'entouraient étaient contre lui : ses adversaires, la foule, ses chefs de clan. Il avait compris depuis bien longtemps que c'était implicitement le cas, mais aujourd'hui, c'était une réalité.

Un puissant coup de manchette de Rorhk le fit sortir de ses songes. Déséquilibré vers l'arrière, un des esclaves trapus le fit chuter de toute sa hauteur avec une balayette arrivant dans son dos. Épaulé par ses deux comparses trapus dans l'action, Rorhk essaya de piétiner le Gladiateur au sol. Esquivant les coups en roulant en tonneau, il réussit à faire trébucher un esclave sur un autre pour ensuite se redresser. Mais deux autres arrivèrent dans son dos pour l'immobiliser assez longtemps pour que Rorhk le frappe durement au ventre puis à la tête. Alors que Rorhk armait un troisième coup, le Gladiateur projeta dans un grand effort son corps en avant avec les deux esclaves qui le ceinturaient, les envoyant dans les jambes de Rorhk. Ses cinq adversaires momentanément à terre, le Gladiateur put se remettre sur pieds. Il devait regagner en lucidité et en calme. Il était désavantagé, mais il avait déjà réussi à se sortir de situations plus corsées. Il devait réfléchir à un plan d'action.

Mais son sixième adversaire, fin et vif, ne lui laissait pas de répit. Il maniait rapidement ses longues griffes avec une grande dextérité. Le Gladiateur put finalement trouver une ouverture alors que son adversaire se jeta sur lui, toutes griffes devant. En se glissant sur le côté, il lui assainit un puissant coup de pied chassé dans son flanc gauche, l'incapacitant. Se retournant, le Gladiateur fut assailli par les deux adversaires trapus qu'il avait fait trébucher. Les repoussant grâce à la force et la précision de ses coups, il les fit peu à peu vaciller. Cependant, les deux esclaves qu'il avait envoyés dans les jambes de Rorhk approchèrent de nouveau et il dut gérer quatre gladiateurs expérimentés à la fois. Redoublant d'adresse et de travail d'équipe, ils empêchèrent le Gladiateur de prendre l'avantage. De plus, il remarqua du coin de l'œil que son adversaire griffu se dirigeait discrètement vers lui. Cette inattention permit à ses deux adversaires trapus de le frapper durement. Le temps que le Gladiateur reprenne ses appuis, le coup de pied d'un esclave le cueillit sur le côté de la tête, la déformant. Finalement, son adversaire griffu se rua autour de lui en tentant de le transpercer de ses armes naturelles, le blessant profondément à certains endroits.

Le souffle coupé, le Gladiateur ne put pas réagir lorsque ses adversaires s'écartèrent tous pour laisser passer un Rorhk en pleine course. Délivrant un coup de poing si puissant que le Gladiateur décolla du sol, ce dernier s'écrasa contre le mur de l'arène. Le visage et le corps enfoncés par endroits ainsi que ce dernier perforé, le Gladiateur était à moitié allongé sur le côté. Essayant péniblement de maintenir le haut de son corps au-dessus du sol par la force de ses quatre bras, ses adversaires commençaient à converger vers lui. Les spectateurs, sentant l'heure du Gladiateur arrivée, se levèrent pour la plupart en baisant leur pouce vers le bas. Dans un brouhaha de beuglements voulant sa mort, le Gladiateur tressaillit et inspira brusquement.

Ce n'était pas la peur d'une mort douloureuse qui le submergeait. Il avait déjà affronté cette perspective bien des fois et il était bien trop en colère pour ressentir quelque douleur que ce soit. Non, c'était le refus de mourir dans un affrontement truqué par le pouvoir. De mourir avec l'accord d'un public ignare et insignifiant. De mourir des mains d'ennemis placés face à lui par les caprices d'un chef possédant une autorité artificielle. D'accepter de mourir devant tous ceux qu'ils l'ont placé et le maintiennent dans sa condition.
Parcouru par des tremblements dans tout son corps avec la sensation que sa force grandissait de plus en plus, le Gladiateur baissa sa tête vers le sol.

Je vais les tuer.

Son visage meurtri se distordant en une grimace bestiale, ses yeux grands ouverts rougeoyaient intensément d'une lueur meurtrière. Toutes ses mandibules se rétractèrent pour laisser apparaître ses dents ébène et acérées grinçant les unes contre les autres du fait de sa mâchoire complètement serrée. Son regard funeste parcourant l'arène, il entrouvrit sa mâchoire pour expirer doucement une haleine vaporeuse.

JEVAISTOUSLESTUER.

Quand son regard revint sur Rorhk, l’esclave gigantesque s'élançait pour lui donner un coup de pied en pleine tête. D'une vivacité impressionnante, le Gladiateur se projeta en avant et passa en roulade à côté des jambes de Rorhk. Conservant son élan, il lança sa main sur la cheville de la jambe qui était restée en arrière, la traversant de ses griffes. Avant que Rorhk est pu pousser un cri, le Gladiateur revint sur pieds et tira de toutes ses forces en arrière, faisant tomber Rorhk en avant sur le mur de l'arène, son torse le fracassant et sa tête s'écrasant sur la première rangée de gradins. Assommé, Rorhk ne put pas sentir que le Gladiateur lui arrachait peu à peu son pied droit, avec ses griffes déchirant sa cheville.

Entendant un esclave dans son dos, le Gladiateur se retourna d'un coup et projeta le pied de Rorhk directement dans la tête de son camarade, le faisant tombé en arrière. Un autre arrivait avec son poing fermé, prêt à l'abattre sur lui. Bloquant son coup d'une main en saisissant son poignet, le Gladiateur ouvrit grandement sa bouche et la ferma derrière le coude de son adversaire. Sous la pression de sa mâchoire, le bras de l'esclave se brisa en deux et le Gladiateur commença à le dévorer. Avant qu'il ne puisse faire autre chose que hurler, le Gladiateur referma sa main droite supérieure sur sa tête, la traversant de part en part avec ses griffes. Après avoir terminé d'engloutir son bras, le Gladiateur fit éclater la tête de l'ancien compagnon de Rorhk en ouvrant sa main. Il déchira ensuite son torse en y enfonçant ses griffes et ingéra peu à peu son contenu. Il sentait que ses blessures étaient maintenant en train de se rétablir peu à peu.

À côté de lui, l'esclave qu'il avait assommé s'était relevé et lançait un coup de pied dirigé vers le bas de son dos. Lâchant les restes de sa victime, le Gladiateur saisit la jambe de son adversaire sous son bras supérieur droit et planta profondément les griffes de sa main gauche dans son bassin. Déchirant peu à peu les connexions entre les deux, le Gladiateur arracha finalement la jambe de sa victime et s'en servit comme d'une arme en le matraquant avec. Tombant à plat ventre après un revers de jambe-batte, il essaya de fuir en rampant. Mais le Gladiateur lui sauta dessus et le déchiqueta peu à peu, ingérant certaines parties arrachées au passage.

Entendant trop tard des pas rapides dans sa direction, l'esclave griffu arriva derrière lui et le lacéra. Dans un hurlement à la fois guerrier et bestial, le Gladiateur l'attrapa et le projeta dans les gradins remplis de spectateurs qui n'avaient pas été assez vifs pour s'écarter. En parallèle, les deux comparses trapus de Rorhk avaient eu le temps de dégager et réanimer ce dernier. Ils arrivèrent maintenant tous les trois dans le dos du Gladiateur et le poussèrent de toute leur force, l'envoyant en l'air et le faisant atterrir à son tour dans les gradins, écrasant deux spectateurs sous son poids.

Se relevant, le Gladiateur faisait de nouveau face à son adversaire griffu. En ne s'occupant absolument pas des spectateurs fuyant la zone autour d'eux, les deux esclaves se tailladèrent. Le Gladiateur prit rapidement l'avantage en saisissant et en traversant les jambes du camarade de Rorhk de ses griffes, le faisant tomber sur le dos. Se tenant au-dessus de sa victime, le Gladiateur démembra violemment l'esclave griffu, envoyant ses bras et ses jambes volées dans les gradins. Bloquant finalement son tronc sous ses pieds, il déchira le corps sans vie de l'esclave en deux, portant son torse dans les mains.

Voyant un des Steltians de la classe ouvrière qui gardaient l'arène s'approcher de lui, il balança le torse dans sa direction, le bloquant momentanément dessous. Les deux compagnons de Rorhk s'étaient maintenant hissés jusqu'aux gradins et se déplaçaient difficilement dans la foule en panique vers le Gladiateur. Le premier se jeta sur lui et tenta une épreuve de force, chacun saisissant les mains de l'autre. Mais le Gladiateur réussit à briser ses poignets et arracha sa tête d'un coup de griffes. Son corps tomba en arrière et dévala les gradins, faisant chuter les derniers spectateurs et les gardes-ouvriers Steltians affluant vers lui. Le deuxième esclave trapu reçut une main sabrée qui se planta dans son torse. Dans un effort qui commença à tordre ses griffes, le Gladiateur arracha un grand morceau du torse de l'esclave, laissant un trou béant à la place.

Faisant courir son regard devant lui, Il pouvait maintenant voir que toutes les parties des gradins, séparées par les différentes sorties et bosses des plafonds des salles de gladiateurs en-dessous, s'étendant devant lui étaient en pleine cohue, les spectateurs affolés se bousculant et se marchant dessus. Finalement, son regard arrivant vers la porte sud à l'autre bout de l'arène, il put voir Rorhk qui fuyait difficilement en marchant successivement sur son pied valide et son moignon.

ILSVOULAIENTMEVOIRMORT. ETMAINTENANTILSMEFUIENTTOUS.

Poussant un beuglement horrible, le Gladiateur se mit à courir en direction de la porte sud. Traversant de plus en plus vite les gradins et sautant les différents obstacles les séparant, il piétinait les spectateurs sur son passage et labourait de ses griffes ceux sur ses côtés, dévorant par moment les restes des malheureux écrasés ou déchiquetés.

Rorhk, voyant son ennemi déchaîné se diriger inexorablement vers lui, se prépara à un assaut direct et posa sa jambe droite meurtrie à genou. Finalement à sa hauteur, le Gladiateur se rapprocha du bord intérieur des gradins et se projeta en l'air. À la surprise de Rorhk, il ne se jeta pas sur lui, mais se mit en boule lorsqu'il toucha le sol et roula. Arrivant juste en dessous de Rorhk, le Gladiateur se déploya de toute sa longueur en envoyant ses talons en avant, prenant appui ses avant-bras à plat sur le sol, ses bras en équerre. Frappant le ventre de Rorhk comme une colonne sortant de terre, l'esclave géant décolla du sol pour revenir s'y écraser lourdement sur le dos. Revenant sur pieds et profitant de son élan, le Gladiateur retomba sur Rorhk, traversant son torse de ses huit griffes semblables à des sabres, certaines se tordant à travers les armures solides de l'esclave massif. Transperçant son corps encore et encore, le Gladiateur agrippa finalement la base de son cou entre ses griffes.

        — Je t'avais dit que je t'arracherais la tête, articula le Gladiateur dans une voix proche du vomissement.

Dans un hurlement guttural du Gladiateur et d'agonie de Rorhk, il désolidarisa sa tête de ses épaules, l'envoyant en avant. Se relevant en empoignant la tête de son ennemi par le cou, il la fit tournoyer au-dessus de lui pour ensuite l'envoyer se fracasser contre le mur en dessous de la loge de Zuhorak. Il put remarquer que les chefs organisateurs et leurs lieutenants étaient rentrés dans la structure du colisée. Les derniers spectateurs fuyaient le colisée. Seul un petit groupe d'individus autour d'une tente semblait rester immobile au milieu du flanc est des gradins.

Baissant son regard, le Gladiateur remarqua qu'il était maintenant entouré des six ouvriers Steltians qui étaient censés protéger les spectateurs. Mettant leur force en commun, ils arrivèrent à faire basculer le Gladiateur et l'immobilisèrent au sol. Tout du moins, c'est ce qu'ils croyaient. Dans une grande impulsion, le Gladiateur projeta les ouvriers au loin. Se remettant sur pieds, il sauta et piétina directement un garde-ouvrier, le broyant au sol. Se retournant, il put saisir avec ses bras inférieurs un ouvrier étourdi. Le montant jusqu'à sa bouche béante, le Gladiateur goba et arracha sa tête et le haut de son torse, laissant retomber au sol ce qui restait de son corps.
Maintenant, il pouvait entendre les bruits de machinerie des portes et des grilles de l'arène qui s'ouvraient ainsi que des pas cadencés qui l'entouraient peu à peu. Regardant tout autour de lui, il pouvait voir que de nombreux gardes, armés de longue lance explosive et appartenant à l'espèce dirigeante de Stelt, l'encerclaient. Derrière eux, le Gladiateur pouvait entrevoir Zuhorak, Oohelak et les chefs organisateurs ainsi que leurs lieutenants. Les quatre derniers ouvriers Steltian se rassemblaient dans leurs rangs.

Les premiers gardes s'élancèrent vers lui, chargeant en plusieurs formations serrées, les lances pointées en avant. Se décalant pour éviter le premier contingent et attrapant les lances d'une main tel un fagot qu'il ramena vers lui, il lacéra les gardes alors que les charges explosives des lances explosaient derrière sa main. Évitant les autres groupes avec des mouvements vifs et acrobatiques, il rentra finalement en plein dans les rangs des gardes et commença un carnage. Les gardes étaient peu à peu décimés par les attaques du Gladiateur qui se déplaçait dans un champ de lances qui explosaient devant ses armures. Continuant malgré les détonations qui étaient parfois dangereusement proches, il envoyait dans les airs les derniers ouvriers Steltians puis des gardes qui s'empalaient sur des attroupements de lances et explosaient avec des groupes entiers d'autres gardes. Cependant, dans ce torrent de feu, le Gladiateur commençait à être de plus en plus meurtri.

Mais il touchait à son but. Il était maintenant tout près de Zuhorak. Rassemblant ces dernières forces, il fonça à travers les gardes restants qui s'étaient concentrés devant les dirigeants Steltians, les renversant et faisant exploser leur lance autour de lui. Arrivant finalement devant Zuhorak qui venait de s'équiper d'une lance, le Gladiateur plongea en avant, armant son poing supérieur droit. Délivrant son coup dans un hurlement, il envoya filer son bras en avant, frappant Zuhorak d'une force démesurée. Au même moment, la lance de ce dernier se planta dans le ventre du Gladiateur. D'un côté, le chef local fut propulsé dans les airs, s'encastrant violemment dans le mur de l'arène. De l'autre, l'esclave monstrueux encaissa une explosion naissant directement dans son ventre.

Le Gladiateur s'étala de tout son long, les armures de son ventre tombant en morceaux. L'explosion choqua son système de régénération, lui faisant régurgiter une sorte de liquide protodermique incandescent. Il releva le regard en direction des gardes, pensant qu'ils allaient bientôt l'achever. Cependant, il vit plutôt un être rouge et bleu se déplaçant de droite à gauche, érigeant des murs de pierre et de terre au-devant des gardes grâce à des roues d'énergie. Au même moment, il sentit comme des liens se créer autour de lui. Tournant difficilement sa tête vers la droite, le Gladiateur put entrevoir des silhouettes derrière une autre roue d'énergie qui fonçait directement vers son visage.

Et ce fut l'impact. Tout devint noir sans qu'il sache si c'était dû au fait qu'il avait fermé les yeux ou qu'il était simplement mort. Puis, d'un seul coup, des sensations revinrent. Émanant de son ventre, elles se propagèrent dans tout son corps, de plus en plus intenses. Peu à peu, il réalisa que c'était des mains qui poussaient à l'intérieur de lui, puis des pieds, puis des bras, puis des jambes. Tous ceux qu'il avait pu dévorer semblaient vouloir sortir de son corps en le détruisant de l'intérieur. Il hurla, mais il n'entendit rien. Successivement, il sentait qu'il perdait conscience, qu'il cessait complètement d'exister pour ensuite revenir violemment à la vie avec des sensations psychotiques. Des visions apocalyptiques se succédèrent alors que son esprit semblait toujours s'effacer pour ensuite revenir à l'existence. Il pouvait se voir, au milieu de terres désolées remplies de monticules enflammés de cadavres de tous ceux qu'il avait pu tuer par le passé. Dans une pulsation générale, ils se levèrent tous vers lui, le faisant peu à peu sombrer dans un océan de morts-vivants gémissants. Maintenant complètement enseveli sous des tonnes de cadavres réanimés, il se sentit oblitéré et tomba finalement dans l'inconscience, pour de bon.

***

Le Gladiateur fit la dernière chose à laquelle il s'attendait. Il ouvrit les yeux. Sa vision encore floue et son esprit vaguement conscient, il pouvait sentir que son corps chaloupait légèrement. Il ne lui fallut pas longtemps pour réaliser que c'était le sol lui-même qui tanguait et que ce n'était pas vraiment le sol, mais la cale d'un bateau. D'ailleurs, à en juger par la longueur, la profondeur et la hauteur de celle-ci, permettant au Gladiateur d'être debout, il s'agissait plutôt d'un navire que d'un simple bateau. Mais le Gladiateur n'était pas debout, enfin, pas exactement. Il était plutôt fixé à une dalle inclinée grâce à des arceaux métalliques verrouillés sur ses membres et son corps. Baissant la tête sur la gauche, il put voir un être bleu et rouge à peu près deux fois moins grand que lui. Haut sur pattes, sa tête était enchâssée dans un casque à la visière translucide. Il portait un bâton surmonté d'un lanceur Rhotuka. L'être avait remarqué que le Gladiateur était éveillé et commençait déjà à se diriger vers la sortie de cale. Avant qu'il n'atteigne de larges et grandes marches, le Gladiateur l'interpella :

        — Où sommes-nous, le ton direct du Gladiateur faisant passé la question pour un ordre.

Se retournant, l'être rétorqua :

        — Loin de Stelt, en direction d'une île à l'Est, sa voix étouffée par son casque.
Je devais attendre ton réveil pour ensuite en informer...
        — Pas besoin de m'informer de quoi que ce soit, je vous ai entendu, coupa une voix à la fois autoritaire et posée. Tu peux disposer, Gardien.

Répondant à « Gardien » comme s'il s'agissait d'un nom de code, il salua l'être noir et jaune qui faisait son entrée en descendant les escaliers et monta ces derniers vers le pont extérieur. L'individu à l'apparence presque dragonique s'avança vers le Gladiateur, faisant onduler sa longue queue musculeuse derrière ses jambes. Agitant un sceptre surmonté d'une lame acérée, il généra graduellement du Protodermis cristallin qui se comprima pour donner peu à peu un trône improvisé argenté-blanchâtre. Y prenant place, il était maintenant face au Gladiateur dans une posture à la fois détendue et sérieuse.

        — Je pense que tu dois avoir beaucoup de questions à poser. Je t'autorise donc à les formuler pour que j'y réponde, dit l'être, sa tête surmontée par deux pics ornementaux faisant penser à une couronne.
        — Qui êtes-vous pour pouvoir « m'autoriser » ? rétorqua sèchement le Gladiateur.

Le visage de son interlocuteur s'assombrit, ses traits se crispant. Quand il parla, sa voix était glaciale.

        — Tu ne devrais pas refuser aussi impoliment une offre que je fais rarement, ses yeux commençant à crépiter d'énergie. Je pourrais terminer ce qui aurait pu arriver dans l'arène du tournoi de gladiateurs.

Comprenant qu'il n'était pas dans une position qui lui permettait de s'imposer, le Gladiateur s'apaisa.

        — Qui êtes-vous ? Où se dirige ce navire ? Pourquoi m'avez-vous sauvé ?
        — Je suis Le Ténébreux, chef des Chasseurs de l'Ombre, commença-t-il. Une organisation regroupant des mercenaires sous mes ordres, œuvrant dans des missions trop peu morales ou trop dangereuses pour être effectuées par d'autres. Nous nous dirigeons vers ma forteresse, sur une île appelée Odina, qui est notre quartier général. Je mettais rendu sur Stelt pour assister à ce tournoi de gladiateurs et peut être recruter des guerriers pour mon organisation. Et je t'ai donc sauvé pour que tu nous rejoignes.

Le Gladiateur, à ces mots, tiqua.

        — C'était vous sous la tente ? C'était vous qui avez sauvé les Skakdi ?
        — Exact. Tout comme d'autres gladiateurs. Ils sont autre part dans le navire, docilement en cage pour les Skakdi Hordika. Ils ont compris tout l'intérêt qu'ils avaient à accepter mon offre.

Le Gladiateur baissa un instant le regard vers son corps et constata qu'il n'était absolument pas endommagé. Il était comme neuf. Relevant ses yeux vers le Ténébreux, celui-ci ajouta froidement.

        — Mais certains n'ont pas été aussi perspicaces et ont dû en payer le prix.

L'idée ne fit qu'un tour dans le crâne du Gladiateur.

        — Vous m'avez fait ingérer les corps de ceux qui n'ont pas accepté, trancha-t-il.
        — Bien sûr, rétorqua le Ténébreux comme ci c'était l'évidence même. Mon plus fidèle agent, Sentrakh, s'en est chargé.

Le Gladiateur marqua un temps d'arrêt, puis continua.

        — ... Comment avez-vous pu réussir à me sortir du colisée ?

D'un coup, un rire grave, lourd et lent résonna dans la coque du bateau, émanant d'une grosse jarre à sable arrivant presque au plafond de la cale. Le Ténébreux ne sembla pas du tout étonné.

        — Hé bien, je pense que je peux te le raconter.

***

        Gardien se dépêchait de revenir vers le colisée qui laissait s'échapper des spectateurs en panique. Durant tout le séjour du Ténébreux pour assister au grand tournoi de gladiateurs, Gardien avait été chargé de récolter des informations sur ceux qui intéressaient son chef et d'emmener dans leur navire les nouvelles recrues confirmées. Ou d'exécuter ceux déclinant l'offre. C'était ennuyant et redondant. Finalement, le moment de sa mission arriva, pour son plus grand plaisir. Les Chasseurs de l'Ombre avaient appris qu'un des leurs complotait avec un clan Steltian proche. Le traître avait été envoyé par le Ténébreux en mission sur Stelt lorsque ce dernier s'apprêtait aussi à s'y rendre avec d'autres agents, dont Gardien. Par la suite, un autre agent l'espionnant lui avait donné le feu vert pour s'occuper du renégat. Normalement, Gardien se chargeait des Chasseurs de l'Ombre faits prisonniers qui pouvaient devenir trop bavards, protégeant les secrets de l'organisation. Mais ça avait été tout autant satisfaisant cette fois, voir plus, étant donné que sa cible avait été véritablement un délateur.

Se déplaçant à contre-courant dans le flot de spectateurs en fuite, Gardien arriva à émerger dans la partie des gradins où se trouvait son chef entouré de Sentrakh et de l'Enregistreur. Tournant le regard vers les gradins opposés, il put voir le Gladiateur courir à travers le public, faisant un véritable carnage. Réussissant à se frayer un chemin dans la foule en pleine cohue, il arriva devant la tente du Ténébreux.

        — Ne devrions-nous pas partir ? demanda Gardien.
        — Tsh-tsh, assieds-toi Gardien, tu dois être fatigué, répondit le Ténébreux d'une voix parfaitement calme, dans l'ombre de sa tente.

Sachant qu'il ne fallait pas contrarier son chef, Gardien s'exécuta, s'asseyant à droite de la tente, devant Sentrakh qui se tenait complètement droit et impassible. Le Ténébreux commença le rapport habituel de mission alors que les deux Chasseurs de l'Ombre regardaient le Gladiateur vaincre son dernier adversaire. Écoutant leur échange, l'Enregistreur prenait note de leurs dires.

        — La mission ? interrogea-t-il.
        — Un succès.
        — Le traître ?
        — Assassiné de mes mains, répondit Gardien, faisant osciller ses griffes robustes et tranchantes.
        — La mine du clan Steltian où il se trouvait ?
        — En ruines, ensevelie sous des tonnes de roches.
        — Bien, très bien.
        — Mais le clan détient surement des informations sur l'organisation et pourrait peut-être frapper, ajouta Gardien.
        — Pas maintenant que leur source de revenus est détruite. Ils s'en occuperont en priorité. Pour les informations qui ont peut-être fuitées, ne t'en fais pas. Ceux sachant ce qu'il ne devrait pas savoir sont déjà morts.

À ce moment, le Gladiateur envoya la tête de son ennemi décapité vers la loge des hôtes. Après que six larges ouvriers Steltians l'immobilisèrent pour ensuite être projetés au loin, les gardes affluaient déjà dans l'arène en grand nombre.

        — Je sais qu'il est le plus féroce et sanguinaire des gladiateurs que vous vouliez recruter, mais ne devrions-nous pas intervenir avant qu'il ne soit plus en état d'être embauché ?
        — Patience Gardien, nous allons intervenir. Mais laissons-le aller jusqu'au bout. Après tout, c'est des plus divertissant.

Dans l'ombre de sa tente, le Ténébreux se frottait les mains. Le Gladiateur décimait les gardes avec une force et une ténacité exceptionnelle. Mais bien que sa rage ne semblait plus lui faire ressentir la douleur, on pouvait constater qu'il était de plus en plus meurtri.

        — Chasseurs de l'Ombre, en avant, ordonna-t-il.

Avant qu'il termine d'énoncer son ordre, Sentrakh était déjà en marche, dépassant Gardien qui venait juste de se lever. Sortant de sa tente, le Ténébreux laissa tomber d'un mouvement d'épaules une toge à capuche qui recouvrait son corps. Saisissant son sceptre de Protodermis, il dévala les gradins banc par banc, flanqué par ses agents. Arrivant devant l'arène, ils sautèrent du mur et attristèrent sur le sable, Gardien se réceptionnant en roulade.

Pendant un court instant, le Ténébreux leva le regard vers le sommet du flanc ouest du colisée. Ténèbres était là, se tenant dans une posture arquée, son bassin vers l'avant et son buste en arrière. Les morceaux de tissus le recouvrant battaient au contact du vent, révélant ses mains griffues et une seconde paire de bras imposants dans son dos, terminés par de longues lames semblables à des pinces. Le Ténébreux savait qu'il était en train d'épier ses moindres faits et gestes pour y déceler un quelconque signe de faiblesse ou d'inefficacité. Il savait qu'il ne devait pas faillir, jamais. Auquel cas, Ténèbres devrait l'éliminer et prendre sa place pour prévenir tout Chasseur de l'Ombre ambitieux et comploteur de faire de même.

Bien qu'il fut loin d'Odina et de sa forteresse, cela n'autorisait pas à Ténèbres de ne plus remplir son rôle, bien au contraire. Ça le rendait encore plus important, le chef des Chasseurs de l'Ombre devant être craint et respecté de tous et au travers de tout l'univers connu en permanence. Bien qu'il soit plutôt dérangeant d'avoir toujours un être derrière soi prêt à vous assassiner, le Ténébreux savait que c'était nécessaire. Pour lui, c'était l'assurance que son organisation resterait inchangée, conforme à ses désirs, tout comme la vision qu'en auraient ses agents et le monde extérieur. Mais avant tout, ça permettait au Ténébreux d'être certain qu'il était en permanence à la hauteur de sa place de dirigeant. Et, comme toujours, il allait aussi en donner la certitude à Ténèbres.

Devant eux, le Gladiateur venait de frapper avec une force tonitruante Zuhorak qui se fracassa dans le mur de l'arène. Il retomba ensuite lourdement au sol, une explosion lui ravageant le ventre.

        — Gardien, repousse les gardes et empêche-les de s'approcher, ordonna le Ténébreux. Sentrakh, avec moi. Il est grièvement blessé, pointant du doigt le Gladiateur. Attaquons-nous maintenant à son esprit.

Sentrakh acquiesça simplement et emboîta le pas au Ténébreux suivi par l'Enregistreur. Quant à lui, Gardien s'élança et se déplaça acrobatiquement devant les gardes. Chargeant son bâton lanceur de Rhotuka pour ensuite faire feu, il tira aux pieds des gardes, faisant sortir du sable de l'arène des murets rocheux arrivant à leur taille. Il répéta l'action jusqu'à ce qu'ils soient complètement séparés du Gladiateur par un mur de pierre en arc de cercle.

Pendant ce temps, le Ténébreux utilisa son sceptre pour générer des liens en Protodermis cristallin autour du Gladiateur, le ligotant. Il chargea ensuite un Rhotuka de Folie et tira en plein dans la tête de l'esclave. Sentrakh savait maintenant ce qu'il avait à faire. Il s'approcha juste au-dessus du Gladiateur, sachant qu'il n'avait rien à craindre de lui. Tout en inclinant sa tête sur le côté alors qu'il fixait le Gladiateur de ses yeux vides, il utilisa ses pouvoirs d'Effacement d'Esprit et d'Illusion de manière saccadée, terrassant peu à peu le Gladiateur psychiquement. Combiné avec les effets de la roue d'énergie de son maître, Sentrakh ne mit que peu de temps à faire tomber inconscient l'esclave gigantesque qui était pris de spasmes. Comme il l'avait prévu, le Gladiateur fut finalement maîtrisé.

Se retournant, il arriva sur la droite du Ténébreux qui faisait maintenant face au petit bataillon contenu derrière le muret de pierre. Gardien arriva à gauche de son chef, et tira une dernière salve de Rhotuka, faisant courir un morceau de roche effilé du mur qu'il avait érigé jusqu'à la hauteur de Sentrakh. Le serviteur dans état entre la vie et la mort agrippa de sa main droite griffue le serpentin de pierre et utilisa son pouvoir de transmutation moléculaire. En une fraction de seconde, le serpentin ainsi que le mur se changèrent en un fluide cristallin. Se concentrant, Sentrakh fit naître des vagues qui obligèrent les gardes à se rassembler devant eux. Faisant cesser l'action de son pouvoir, le fluide redevint de la roche solide qui forma un mur complètement rectiligne, créant une ligne séparant les Steltians des Chasseurs de l'Ombre et du Gladiateur.

Les chefs organisateurs et leurs lieutenants étaient étonnés de l'apparition de ses individus, certains ne sachant pas qui ils étaient. Cependant, reconnaissant Le Ténébreux, Voporak allait prendre la parole. Sachant que le moment allait être marquant et décisif, l'Enregistreur rangea d'un mouvement vif sa petite pile de fines tablettes dans une sacoche, les miniaturisant. C'était un effet personnel qu'il prenait lorsqu'il accompagnait le Ténébreux dans certains de ses déplacements. Sortant pour l'occasion une autre tablette complètement vierge de sa sacoche à la même vitesse, il posa son stylet dessus et releva la tête, prêt à transcrire.

        — Que signifie cette intervention ? demanda Voporak avec assurance.
        — Rien de plus que ce qui a été convenu lors de l'organisation de ma venue, rétorqua Le Ténébreux avec encore plus d'assurance. Je peux recruter les gladiateurs que je désire. Et c'est ce que je veux faire avec celui-ci comme je l'ai déjà fait avec d'autres, continua-t-il en désignant le corps inconscient du Gladiateur. Je demande un passage sécuritaire jusqu'au port de la cité, puis nous partirons.

Avec hésitation, un lieutenant de Voporak, Sidorak, répondit avant ce premier.

        — Avec tout le respect qui vous est dû, grand Ténébreux, je crois que tout ceci n'est pas dans l'ordre des choses. Cela manque d'équité, et...

Un rictus du Ténébreux mit un terme à la phrase de Sidorak.

        — Je ne crois pas que vous soyez en mesure de négocier comme vous sachez si bien le faire, Steltians, coupa Le Ténébreux, faisant danser ses doigts sur le tranchant de la lame de son sceptre tout en baladant ses yeux calculateurs et froids à travers les gardes épuisés et les quelques aristocrates Steltians.

Sortant de la foule, Oohelak, la compagne de Zuhorak, foudroya le Ténébreux du regard.

        — Votre présomption arrogante n'a d'égal que vos caprices insupportables, Ténébreux. Mon compagnon, notre chef, a été mortellement blessé par ce monstre et vous pensez que nous allons vous laisser repartir avec ? Non, il doit être exécuté de la manière la plus horrible qui soit ! s'emporta-t-elle, approuvée par ses semblables.

Le Ténébreux toisa la Steltianne de ses yeux morts, puis regarda vers le corps tombant en pièces de Zuhorak qui était difficilement retiré du mur par deux gardes.

        — Je n'en ai absolument rien à faire, conclut Le Ténébreux, acerbe.

Sans se soucier de la réaction des Steltians à sa réponse intentionnellement désobligeante et âpre, Il regarda du coin de l'œil Ténèbres qui attendait toujours au-dessus du colisée. Personne ne semblait avoir remarqué sa silhouette lugubre battue par le vent.
Autant que cela soit théâtral, pensa Le Ténébreux, presque amusé.

        — Viens à moi, DÉVASTEUR ! tonna-t-il.

Instantanément, un vrombissement se fit entendre dans tout le colisée. Une partie du sable de l'arène se concentra derrière Le Ténébreux et ses chasseurs, à la gauche du Gladiateur. Provenant de toutes les fentes de la structure de l'édifice, du sable vint se rajouter à l'ensemble pour finalement commencer à former une silhouette gigantesque. Peu à peu, un être gargantuesque et solidement bâti, faisant passé les esclaves Steltians pour des petits Matoran, se matérialisait, les bras croisés devant son buste.

        — Démontre-leur leur impuissance, ordonna Le Ténébreux au géant, n'arrivant qu'à ses genoux.

Dévasteur, maintenant entier, scruta le bataillon assemblé de créatures insignifiantes devant lui, gardant ses bras croisés.

        — Vous autres n'êtes rien face à moi et aux Chasseurs de l'Ombre, gronda-t-il, sa voix semblable au tonnerre.
        — Il suffit ! coupa Oohelak. Votre suffisance a assez duré ! Gardes, anéantissez-les ! hurla-t-elle furieusement.

Armant leur lance, les gardes lancèrent leur arme explosive en direction des Chasseurs de l'Ombre. Une pluie de lances allait s'abattre sur eux. Dévasteur desserra lentement ses bras titanesques pour les tendre au-dessus de sa tête, paumes ouvertes.

        — Vous ne comprenez donc pas, dit-il, sa voix faisant craquer l'air.

Peu à peu, les trajectoires des lances devinrent obliques, les envoyant dans les gradins. Entouré d'un cercle d'explosions bruyantes et lumineuses, Dévasteur continua.

        — Je pourrais faire pleuvoir le feu, la foudre et le ciel lui-même sur vous.

Toutes les lances étant maintenant neutralisées, il commença à déployer ses bras sur les côtés, ses paumes ouvertes pointées vers les gardes.

        — Je pourrais me changer en lave et vous incinérer en moi.

Alors que ses bras se déplaçaient, certains gardes implosèrent spontanément, se compactant sur eux-mêmes. Les cadavres compressés tombèrent un à un au sol, accompagnés des cris de stupeur des autres Steltians.

        — Je pourrais même faire revenir à la vie les êtres misérables que je viens de tuer pour vous exterminer à votre tour. Mais nous voulons juste sortir, conclut Dévasteur.

Accablée, tout comme ses semblables, Oohelak, pleine d'amertume, abdiqua et lâcha son approbation en se retournant vers les chefs de clan. Les gardes et les aristocrates quittèrent l'arène, suivis du Ténébreux, Sentrakh, l'Enregistreur et Gardien. Se décomposant en sable, Dévasteur s'éleva au-dessus du colisée en entraînant avec lui le corps du Gladiateur grâce à ses pouvoirs télékinétiques, se dirigeant directement vers le navire des Chasseurs de l'Ombre.

***

        — Nous sommes sortis sans animosité supplémentaire, les Steltians ayant compris qu'ils ne risquaient que plus de pertes. Finalement, nous arrivâmes au navire et nous partîmes, conclut le Ténébreux.

Le Gladiateur, dans l'ombre de la cale du navire, affichait un sourire de satisfaction en retenant un doux rire derrière ses dents recouvertes par ses mandibules.

        — Amusant, commenta-t-il. J'espère voir ce « Dévasteur » sortir de sa jarre pour vérifier que son titre n'est pas simplement décoratif.
        — Tu en auras peut-être l'occasion si tu nous rejoins, répondit le Ténébreux, toujours aussi sérieux. Sache que tous les Chasseurs de l'Ombre ne sont pas embauchés directement et selon mes désirs. Certains viennent à nous et doivent passer une épreuve d'entrée, qui consiste le plus souvent à combattre un autre chasseur. Tu pourrais être ce Chasseur de l'Ombre qu'on affronte en duel, et bien plus. Pense s'y.

Le Gladiateur considéra finalement la chose. Ça paraissait être la seule option qui lui était viable pour le moment. Mais, même si cette organisation et ses « occupations » semblaient intéressantes, il ne serait toujours pas libre. Il aurait un chef à servir et des missions à effectuer. Mais ses missions semblaient être plutôt amusantes. N'en aurait-il pas pour lui qui consisteraient à terrasser des êtres puissants ? Peut-être qu'il pourrait être envoyé de nouveau à Stelt pour détruire une cité ou deux.
Le Ténébreux s'était levé de son trône et s'était approché d'une petite colonne surmontée de deux boutons. L'un contrôlait surement les arceaux de la dalle où le Gladiateur se trouvait et l'autre... Surement quelque chose que ce dernier ne voudrait pas découvrir.

        — Alors, ta réponse ?

L'ancien esclave se rappela que les Chasseurs de l'Ombre semblaient porter des noms de code. Il plongea son regard dans celui du Ténébreux avant de lui répondre simplement, d'une voix teintée de défi.

        — Appelez-moi Gladiateur.


Dernière édition par Du7734 le Sam 23 Avr 2016, 00:09, édité 2 fois
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Sam 29 Aoû 2015, 05:57
Je ... Ne sais franchement pas quoi dire, je suis sans voix, tout ce que je peux faire, c’est applaudir
Je pense déjà savoir qui aura mon vote aux Dume Awards, enfin, a moins que tu ne fasse encore mieux !
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Sam 29 Aoû 2015, 11:55
Ouah, en fait tu te l'aies vraiment tapé directement hier ? Ça m'fait plaisir, même si ça relève un peu du masochisme x)

Bah, merci écoute. À voir si je me présente et si je fais pas autre chose entre temps qui sera considéré comme plus mieux, oui :)
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Sam 29 Aoû 2015, 15:48
J'te l'avait dit que j'me faisait chier hier soir x)
Bah de toute façon vu la raréfaction des Fic' sur ce forum, tu va bien être obligé de te présenter, ou alors tu sera nominé d'office
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Sam 23 Avr 2016, 00:02
Déterrage de topic en puissance.
J'ai beaucoup enjaillé, j'ai pu facilement me projeter dans l'histoire et imaginer les scènes Very Happy La première bataille peut-être un peu longue sur la fin, mais dans l'ensemble du bon boulot. Puis c'est canon compilent, c'est chouette ! A imprimer et à relire au coin du feu <3
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Sam 23 Avr 2016, 00:19
Alley =D

Faudrait que je me relise, mais de mémoire, je crois que je trouvais certaines scènes un peu longuettes, ouais. Le truc, c'était que j'essayais de m’entraîner à faire des scènes de combats à la fois très détaillées et dynamiques. Et je crois bien qu'à l'écriture, je mettais un peu forcé à allonger la première bataille.

Content que ça t'a plu, en tous cas.
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Jeu 28 Avr 2016, 23:49
Bon bah c'est cool ! Un peu horrible (pov' victimes), mais agréable à lire. Néanmoins, si tu me permets de chipoter, il y a quelques erreurs de syntaxe et des choix d'écriture qui m'apparaissent comme peu utiles, et qui freinent un peu le dynamisme des combats. Premièrement, voici quelques points qui m'ont un peu dérangé :

" Après que Zuhorak est salué Voporak " ; dans la logique, on dirait "Après que Zuhorak ait salué Voporak". Néanmoins, l'expression "Après que" est l'une des rares en Français qui entraînent l'indicatif, et non le subjonctif ; "Après que Zuhorak a salué Voporak".

Ensuite, lors d'un combat, je trouve que tu fais un emploi un peu excessif de "Alors que", ça freine un peu l'action à mon avis, surtout qu'il y a une erreur de concordance dans la troisième phrase, "Alors que" n'est quasiment jamais (voire même jamais jamais) suivi du passé simple, qui évoque un fait qui s'est déroulé et terminé dans le passé, mais plutôt de l'imparfait, puisque c'est une action qui se déroule dans la durée ("Alors que" = durée, donc l'aspect très ponctuel du passé simple ne convient pas) (j'imagine qu'il s'agit d'un oubli, mais je te le fais remarquer) :

" Alors que son corps commençait à tomber "

" Alors qu'il se rapprochait du sol, il prépara sa réception "

" Alors qu'il touchait le sable "

Erreur de concordance pour cette phrase également, mais ici, la fatigue avait certainement pris le dessus... Wink :

" Il bloque de justesse le premier coup d'Ihtojak avec sa lance, mais commençait déjà à être débordé par la rapidité de son adversaire. "

Sinon, je trouve aussi que tu utilises trop fréquemment le participe présent, ce qui t'oblige à formuler tes phrases d'une certaine manière, ce qui marche parfois très bien, mais d'autres fois ça alourdit réellement le sens.
Enfin, il y a aussi d'autres erreurs sur les tournures de certaines phrases et sur la conjugaison de quelques verbes que tu as employés, je n'ai pas envie de retourner chercher dans tes deux pavés, mais il y a certains endroits où le participe passé est mal accordé avec le COD etc...

Néanmoins ! Je ne suis pas prof de Français, et je préfère de loin commenter la qualité du texte en lui-même (histoire...), que l'utilisation des temps.
J'ai passé un bon moment en lisant cette Fan-Fic. Les personnages ont tous un côté mystérieux que j'apprécie beaucoup, encore plus accentué par le fait que ton personnage principal, avant d'être un Gladiateur, est un esclave ; et tu as dessiné toute une société autour de lui que j'ai réellement trouvée oppressante et terrifiante par moment (la foule en délire après que le Gladiateur a tué le groupe d'esclaves lors du premier combat...). Qui plus est, c'est intéressant d'avoir choisi d'autant complexifier ton personnage, dans le sens où il est à la fois soumis à cette société pesante où tout le monde est contre lui (le passage où il redescend dans la mine et que les autres esclaves le dévisagent), et à la fois où c'est un personnage qui se moque bien de cette société qui le contrôle, mais dont il ne semble éprouver aucune crainte, car il est extrêmement fort et puissant. Je crois que c'est un personnage qui mériterait d'être développé, peut-être dans une suite, ou dans une prochaine Fan-Fiction ?

Du reste, tout le texte est réellement noir, sur tous les plans, et on pourrait presque entendre les rires des spectateurs devant le spectacle sanglant qu'on leur offre ; spectacles décrits avec une exactitude telle que je commence à me poser des questions sur ta santé mentale ! Finalement, tout se joue sur une sorte de contraste, entre ce personnage principal que tu nous décris comme surpuissant, et toute la société qui le surplombe dans ses gradins, bien installée à l'abri de toute violence, et qui l'encercle dans les courbes du Colisée, ce qui donne l'impression qu'il est néanmoins totalement écrasé par cette dernière. Pour ça, je te tire mon chapeau !

Pour finir, si je peux me permettre de te conseiller, toi qui voulais donner à tes scènes de bataille un certain dynamisme, préfère plutôt les phrases courtes aux phrases longues, qui soutiennent davantage le rythme de l'action. wink

Hâte de lire ton prochain texte,

Ackar.
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Sam 30 Avr 2016, 18:51
C'est cool de te voir poster un peu partout sur le forum depuis quelques temps ^^
Et c'est tout particulièrement cool pour moi que tu es lu et commenté de manière très constructive ma fiction !

Je reçois ton chipotage avec enthousiasme : même si mon but est pas d'avoir un français de la qualité d'un écrivain professionnel (pourquoi pas, en fait ?), je recherche quand même une certaine propreté. Pour les fautes que tu soulèves et qui aurait dû me piquer les yeux, comme je l'ai écris plus haut, je dois relire l'intégralité de ce que j'ai écris pour véritablement passer une dernière fois dessus. Même si j'utilise un logiciel très complet et performant pour la correction (Antidote, kisapel), il n'en reste pas moins faillible, tout comme moi.
Merci pour les quelques règles de syntaxe et les conseils pour la concordance des temps, ainsi que des tournures de phrases, ça me sera utile.

Ackar1034 a écrit:Sinon, je trouve aussi que tu utilises trop fréquemment le participe présent, ce qui t'oblige à formuler tes phrases d'une certaine manière, ce qui marche parfois très bien, mais d'autres fois ça alourdit réellement le sens.
Ahah, le coup du participe présent, c'est quelque chose que j'ai choppé à force de faire des éditions sur la NIE x)
Il est vrai que quand j'écrivais certains passages, des phrases me semblaient longues et complexes, et donc pas dynamisantes pour deux ronds. Surement encore des choses à revoir.

Ensuite, tes analyses et ton décorticage de certains aspects de l'histoire me font bien plaisir ! Bien que je pense que n’importe quel lecteur attentif a dû ressentir les choses que tu décris, c'est très satisfaisant de voir que j'ai réussi à transmettre beaucoup de choses que je cherchais à représenter.

Ackar1034 a écrit:Qui plus est, c'est intéressant d'avoir choisi d'autant complexifier ton personnage, dans le sens où il est à la fois soumis à cette société pesante où tout le monde est contre lui (le passage où il redescend dans la mine et que les autres esclaves le dévisagent), et à la fois où c'est un personnage qui se moque bien de cette société qui le contrôle, mais dont il ne semble éprouver aucune crainte, car il est extrêmement fort et puissant.
Touäfay !
De base, l'idée de cette complexification m'était venu en lisant sa fiche sur la NIE. Malgré son apparence monstrueuse, il a l'air d'être bien plus qu'une montagne de lames et de violence. J'ai voulu vraiment lui donner une personnalité tangible en rapport à son quotidien et sa situation de champion-gladiateur/esclave.

Ackar1034 a écrit:Je crois que c'est un personnage qui mériterait d'être développé, peut-être dans une suite, ou dans une prochaine Fan-Fiction ?
J'y pensais : c'est un personnage sur lequel j'aime bien écrire.

Ackar1034 a écrit:Du reste, tout le texte est réellement noir, sur tous les plans, et on pourrait presque entendre les rires des spectateurs devant le spectacle sanglant qu'on leur offre ; spectacles décrits avec une exactitude telle que je commence à me poser des questions sur ta santé mentale !
Ahah xD... J'espère que tu dis ça en plaisantant quand même x)
Après, je peux pas le nier, c'est très sombre et c'est parfaitement voulu. J'aime beaucoup cette ambiance qui a été raccordée en 2006 aux nombreuses ambiances qu'on a pu voir dans BIONICLE (avec les Piraka notamment). De plus, elle est très liée aux Chasseurs de l'Ombre, dont une partie de leurs membres ne sont que des criminels de la pire espèce, ne trouvant qu'une raison d'exister en satisfaisant leurs ambitions personnels de profits, de violence, de conquêtes et autres... Je les trouve à la fois terrifiants et fascinants pour cela, nous donnant même des clefs de compréhension pour nos propres criminels réel, s'y on creuse. Donc écrire sur eux devient franchement intéressant, je trouve.
D'ailleurs, ils peuvent avoir toujours été comme cela ou c'est justement leur environnement et leur vécu qui les ont fait aboutir à cette façon de vivre. Et très clairement, avec sa passion pour la guerre et l'environnement de Stelt, j'ai pensé que Gladiateur était parfait pour entrer dans la deuxième catégorie.

Ackar1034 a écrit:Finalement, tout se joue sur une sorte de contraste, entre ce personnage principal que tu nous décris comme surpuissant, et toute la société qui le surplombe dans ses gradins, bien installée à l'abri de toute violence, et qui l'encercle dans les courbes du Colisée, ce qui donne l'impression qu'il est néanmoins totalement écrasé par cette dernière. Pour ça, je te tire mon chapeau !
Owh owh ! Tu me fais bien plaisir pour avoir noter ça ! Jaym b1en les contrastes.

Ackar1034 a écrit:Hâte de lire ton prochain texte,
Au vu de ton commentaire très constructif, j'imagine que c'est sincère. Et sache que ça me remotive à prendre du temps pour écrire des fictions ^^
Après, j'avais une gros projet : la réécriture de la Bataille de Bara Magna, en mélangeant canon, canon-compliant et modifications non-canon pour rendre hommage au potentiel énorme qu'est l'idée de la fin de BIONICLE. Mais il prendrait BEAUCOUP de temps.
Au niveau de concepts moins chronophages, le revisionnage du playthrough de Loserkiller et _Shaddow_ sur MNOG m'a donné très envie de faire des petites fictions se déroulant sur l'île de Mata Nui avec des Matoran connus. Ça me permettrait d'essayer d'autres thèmes et d'autres styles d’écritures, ainsi que de pouvoir faire des interactions rigolotes entre Matoran dans les très beaux endroits et paysages de l'île.

Bref, merci beaucoup pour ton message très constructif, mec !
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